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En pleine tempête, Huawei lance son mobile 5G en Suisse

Walter Ji, responsable pour l’Europe du groupe chinois, a fait vendredi le déplacement à Zurich pour présenter son téléphone 5G. Après les propos alarmistes du fondateur lundi, il affirme que les ventes de smartphones ont récemment augmenté

Huawei a présenté vendredi à Zurich son premier téléphone 5G, le Mate 20X. — © KEYSTONE/Walter Bieri
Huawei a présenté vendredi à Zurich son premier téléphone 5G, le Mate 20X. — © KEYSTONE/Walter Bieri

En pleine crise, Huawei veut rassurer en lançant en Suisse son premier smartphone 5G, en partenariat avec Sunrise. Touché de plein fouet par l’embargo américain qui lui fait perdre des dizaines de fournisseurs, le groupe chinois assure qu’il va survivre. De passage vendredi à Zurich pour la présentation de son téléphone Mate 20X 5G, Walter Ji, responsable pour l’Europe de la division consommateurs de Huawei, s’est montré optimiste. «Certes, nous traversons une phase difficile. Mais il n’y a absolument aucune raison de s’inquiéter pour Huawei, nous demeurons extrêmement solide.»

Solide, mais en état de siège. Lundi, Ren Zhengfei, fondateur du groupe, reconnaissait que les assauts américains avaient fait chuter les ventes de Huawei hors de Chine de 40% depuis le début de l’année. «La situation n’est pas agréable, mais elle s’améliore. Nos ventes ont ainsi augmenté ces derniers jours en Europe», assure Walter Ji, sans donner de chiffre. Si les ventes se sont effondrées, c’est sans doute parce que les consommateurs deviennent réticents à acheter un téléphone, tournant avec le système Android, dont ils ne savent pas s’il sera mis à jour ces prochains mois. «Il n’y a aucun doute à avoir à ce sujet: si vous achetez aujourd’hui un smartphone Huawei, nous vous garantissons qu’il sera mis à jour en permanence et que vous pourrez utiliser toutes les applications», martèle Walter Ji.

Espoirs avec Google

Pour rassurer ses clients, Huawei va plus loin que les paroles. Cette semaine, on apprenait le lancement d’un programme, aux Philippines d’abord, assurant le remboursement du téléphone deux ans après l’achat si des applications telles que le Play Store, Gmail de Google, ou encore Facebook ne devaient plus fonctionner. «Je ne peux pas faire de commentaire à ce sujet, dit Walter Ji. Mais je suis confiant que nous allons trouver une solution sur le long terme. Nous avons une excellente relation depuis des années avec Google et nous espérons qu’elle se maintienne.» Mi-août, l’embargo américain contre Huawei débutera, à moins que l’administration Trump ne revienne sur sa décision.

Lire aussi: Cible d’attaques sans précédent, Huawei commence à plier

Au cas où Huawei devrait finalement se passer de logiciels américains, il semble s’activer pour trouver des alternatives. Dont le développement de son propre système d’exploitation Hongmeng. Mi-juin, on apprenait l’enregistrement de cette marque dans plusieurs pays européens. Et selon le journal China Daily, Huawei aurait déjà produit un million de smartphones tournant avec Hongmeng pour des tests. «Je ne peux pas parler de ce projet en particulier, réplique Walter Ji. Mais nous investissons 14% de notre chiffre d’affaires dans la recherche, soit 15 milliards de dollars en 2018, ce qui est énorme. Cela vous donne une idée de notre puissance pour innover.»

«Numéro un en 5G»

Si Huawei peut innover en matière de logiciels, il lui sera, de l’avis de nombreux analystes, plus difficile de créer ses propres puces, dont ses ordinateurs manquent déjà. «Détrompez-vous, assure le responsable de la société. Nous excellons dans le matériel, comme nous l’avons montré en lançant les premières puces dotées d’intelligence artificielle. Et si nous sommes numéro un mondial en 5G, ce n’est pas par hasard.»

Et en matière de 5G, la Suisse est un havre de paix pour Huawei. Sunrise utilise ses services pour développer son réseau de téléphonie mobile, tandis que Salt et Swisscom vendent eux aussi ses smartphones. «Si les opérateurs suisses nous font autant confiance, c’est parce qu’ils savent que nos produits sont de qualité», conclut Walter Ji. Les derniers chiffres disponibles indiquent une part de 8% de Huawei sur le marché helvétique des smartphones.

La tech américaine implore Donald Trump

Cette semaine, plusieurs géants américains de la technologie ont écrit des lettres à l’administration Trump pour lui demander de cesser la guerre commerciale avec la Chine. Mais aussi de ne pas augmenter les droits de douane sur plusieurs de leurs appareils. Alors que ces taxes doivent être rehaussées de 25% sur les importations chinoises dès, peut-être, le 2 juillet, Apple a listé près de 20 produits (iPhone, MacBook, Apple TV, etc.) qui ne devraient pas davantage être taxés, selon la multinationale.

Dans sa lettre, Apple écrit que «les producteurs chinois avec lesquels nous sommes en concurrence sur les marchés mondiaux n’ont pas une présence significative sur le marché américain, et ne seraient donc pas affectés par les [nouveaux] tarifs américains. Nos autres grands concurrents non américains ne le seraient pas non plus. Des taxes plus élevées feraient donc pencher la balance en faveur de nos concurrents mondiaux.» Apple affirme qu’elle est la société qui paie le plus d’impôts aux Etats-Unis et qu’elle est responsable de plus de deux millions d’emplois dans le pays.

Dans une lettre commune, Dell, HP, Intel et Microsoft demandent que les ordinateurs et les tablettes ne soient pas surtaxés. Car les nouveaux droits de douane pourraient renchérir le prix d’un ordinateur portable de 120 dollars, selon une étude de la Consumer Technology Association. A.S.