Technologie
La multinationale californienne impose de nouvelles règles de transparence aux développeurs, suscitant la colère de Facebook. Apple veut ainsi davantage se démarquer de Google

Apple avance ses pions. En l’espace de quelques jours, la multinationale s’est fâchée avec Facebook, s’est distanciée de Google et a lancé une vaste opération de communication. Le but, pour la firme de Tim Cook, est simple: montrer qu’elle est la championne de la vie privée, sans se soucier de l’opinion des autres géants de la tech. Car depuis des années, Apple mise sur la protection des données via un marketing intensif.
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Fait extrêmement rare, la société conviait ainsi lundi matin des médias à une conférence «off» sur les nouvelles règles imposées aux développeurs d’applications. D’habitude, Apple organise de tels briefings pour vanter ses nouveaux produits. Lundi, il ne fut question que de vie privée. Au-delà de l’opération de communication, l’enjeu est majeur: depuis ce mois de décembre, l’entreprise impose de nouvelles règles extrêmement strictes aux développeurs d’applications. Son App Store en propose environ 2 millions.
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Dizaines de pictogrammes
Désormais, les développeurs devront indiquer très précisément, au sein de ce magasin, ce que font leurs apps, via des «étiquettes»: cherchent-elles à localiser l’utilisateur? A exploiter sa liste de contacts? A utiliser ses données de carte de crédit? A activer Bluetooth? A utiliser d’autres données personnelles? Désormais, les développeurs doivent remplir de nouveaux formulaires pour que les utilisateurs d’apps soient mieux avertis, via l’affichage de dizaines de nouveaux pictogrammes au sein de l’App Store. Si les développeurs ne se conforment pas à ses exigences, où s’ils mentent sur le comportement de leurs programmes, la sanction est simple: les apps seront bannies.
Apple – qui ne gagne pas un centime avec la publicité – parle avec emphase de son combat pour le respect de la vie privée. «Jamais auparavant, le droit à la vie privée – le droit de conserver des données personnelles sous votre propre contrôle – n’a été aussi attaqué qu’aujourd’hui. Comme les menaces extérieures à la vie privée continuent d’évoluer, notre travail pour les contrer doit aussi le faire», déclarait la semaine passée Craig Federighi, l’un des vice-présidents de la marque à la pomme.
Que valent ces nouvelles règles? «Toutes les fonctionnalités allant dans le sens de la protection des données et de la transparence sur la manière dont les données personnelles sont utilisées sont justes», estime Yannick Dürst, directeur de la société genevoise Atipik, spécialisée dans le développement d’apps. Pour lui, «la seule différence est que nous allons devoir prendre plus de temps pour saisir des informations à Apple lors de la sortie de nouvelles applications. Mais nous avions de toute façon déjà l’obligation de mettre en place une politique de confidentialité.»
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WhatsApp critique
WhatsApp est, de son côté, en colère. La semaine passée, la messagerie appartenant à Facebook critiquait le fait qu’Apple imposait ces nouvelles règles à des app tierces, mais pas aux siennes, comme Messages. Apple a depuis répliqué en affirmant que les consommateurs pourraient lire ces «étiquettes». Mais pas sur son App Store – Messages étant pré-installé sur les iPhone –, mais sur son site web.
Google – qui tire, quant à lui, 90% de ses revenus de la publicité – est sous pression. «Sa position est délicate, car son modèle d’affaires est de profiter des données personnelles pour cibler ses utilisateurs et vendre ses publicités. Google aura plus de mal à mettre en place ce type de règles puisqu’il ne pourra pas les respecter lui-même, contrairement à Apple qui fait du respect des données personnelles son fer de lance depuis plusieurs années», estime Yannick Dürst.
Une panne a affecté les services de Google
Les internautes à travers le monde et en Suisse ont peiné lundi à se connecter aux services de Google tels que Gmail ou YouTube, affectés par une panne massive. Celle-ci a commencé à être signalée par des internautes de plusieurs grandes zones géographiques vers 11h50 GMT. Google a alors indiqué sur son tableau de bord accessible en ligne que tous ses services étaient concernés et ce, pour «la majorité des utilisateurs». A 12h31 GMT, le géant américain signalait que ses services avaient déjà été restaurés pour «certains utilisateurs» et que «le problème devrait être prochainement résolu pour l’ensemble des utilisateurs». AFP