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Restaurer la confiance entre les médias et le public

Comment sortir de la crise des «fake news», comment réenchanter le lien entre les médias et le public? Le numérique a une bonne carte à jouer. Démonstration à Lausanne lors de la Journée du digital

Image d'illustration. — © 123RF
Image d'illustration. — © 123RF

A la manœuvre, Le Temps, aux côtés de l’Académie du journalisme et des médias de Neuchâtel, de l’EPFL et de la RTS. L’invitation était claire: «Médias numériques et public, un engagement réciproque.» Impossible, quand une relation est abîmée, qu’un seul des partenaires puisse en refaire un couple lumineux sans que l’autre donne de sa personne. Pour entrer dans une ère post-fake news, il faut donc se mettre à table tous ensemble pour ébaucher des solutions efficaces qui permettent de restaurer le lien démocratique unique qui unit les médias et leurs lecteurs, auditeurs, spectateurs.

C’est ainsi que se sont retrouvés une petite centaine de consommateurs de médias et une dizaine de journalistes ce mardi soir sur le toit d’un bar du Flon à Lausanne, audience diverse réunie pour le plaisir d’inventer ensemble un nouvel avenir numérique. Des expériences et des pistes ont été évoquées – Sandra Jean, la directrice des rédactions du Nouvelliste, sur le départ, a raconté comment le titre s’est métamorphosé depuis 2014: en pariant sur le numérique, il a rajeuni son audience. Mais… cela coûte cher et c’est long.

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«Debunker» la fausse information

«Le meilleur journalisme ne suffit plus, il faut aussi la meilleure technologie», a également relevé Titus Plattner, un des visages de l’innovation à Tamedia: l’attention est limitée, les écrans de smartphone tout petits, comment adapter ses contenus, comment les rendre trouvables? Là encore, la personnalisation est une piste, même coûteuse.

Enfin, un exemple de numérique décomplexé a été donné par Aude Favre, cette journaliste française qui s’attache à «debunker» la fausse information sur «What The Fake», sa chaîne YouTube. «J’ai commencé avec mon téléphone dans ma cuisine, après les attentats de Charlie Hebdo et l’élection de Donald Trump. J’appelle, je vérifie, j’enquête. Cela me demande moins de travail que tous les documentaires que j’ai faits pendant dix ans. Mais on me disait: enfin une journaliste qui fait son boulot. J’ai retrouvé tout le plaisir et l’utilité de mon travail.»

Brainstorming, partages entre vieux lecteurs et plus jeunes: c’est l’engagement sincère du public qui frappait hier soir, l’attachement à la presse. «Je suis confiant dans le numérique, a conclu Darius Rochebin, le grand témoin de la soirée. La rapidité n’est pas un facteur d’erreur, au contraire elle permet justement de vérifier et de corriger. Je me méfie de l’auto-contemplation et de l’entre-soi, qui sont plus fréquents et favorisés par le numérique. La seule chose qui vaille et qui résiste, c’est le contenu. Un bon contenu trouvera toujours son public.» Signe des temps: l’IMI, l’Initiative pour l’innovation dans les médias, a annoncé le thème de son nouvel appel à projets pour 2020: c’est justement l’engagement entre les médias et le public.