Les robots du suisse ANYbotics sont déjà sur le terrain
Innovation
Le spin-off de l’EPFZ, soutenu notamment par Swisscom, vient de lever 20 millions de francs. Ses machines futuristes sont très proches de celles de l’américain Boston Dynamics

Avouons-le d’emblée: obnubilé que nous étions par les prouesses des robots de la société américaine Boston Dynamics, l’envol d’un concurrent suisse nous avait totalement échappé. Et pourtant, une entreprise helvétique développe des machines semblables à celles du leader mondial de ce marché. Il s’agit de la start-up zurichoise ANYbotics, qui a vu les projecteurs se porter sur elle jeudi dernier. La société, émanation de l’EPFZ, annonçait la levée de 20 millions de francs pour poursuivre le développement de ses robots.
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Ces machines, le grand public commence à y être familier, via les vidéos, sur YouTube, des inventions de Boston Dynamics. La société fondée en 1992 et basée dans le Massachusetts a développé plusieurs robots aux performances spectaculaires, dont une sorte de chien cybernétique, baptisé Spot. Beaucoup plus jeune – la société a été fondée en 2016 –, ANYbotics a elle aussi développé un robot quadrupède qui ressemble beaucoup à Spot et qui vise le même marché: l’inspection de sites industriels.
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Swisscom enthousiaste
Jeudi, la start-up s’est assuré un financement de 20 millions de francs additionnels, via un tour de table mené par Swisscom Ventures avec la participation d’autres investisseurs tels Ace & Company et EquityPitcher Ventures. «Ce qui nous a vraiment enthousiasmés, c’est la technologie de pointe d’ANYbotics, qui a ses racines dans l’un des principaux laboratoires de robotique du monde à l’EPFZ», s’enthousiasmait dans un communiqué un responsable de Swisscom Ventures.
ANYbotics compte aujourd’hui 50 employés. Et le fruit de leur travail commence à être visible dans le monde réel. «Au cours des quatre dernières années, nous avons sorti nos robots du laboratoire pour qu’ils deviennent vraiment de qualité industrielle», a affirmé Hanspeter Fässler, cofondateur et président de la société. Désormais, les robots sont aptes à être testés en situation réelle. «Nous travaillons avec les principales entreprises d’énergie, de traitement industriel et de construction pour introduire la numérisation dans des environnements trop complexes pour les robots traditionnels», détaillait Péter Fankhauser, cofondateur et directeur d’ANYbotics.
Test sur un chantier
Fin octobre, l’entreprise présentait un premier test effectué avec le groupe de construction Losinger Marazzi. Ce dernier a employé le robot ANYmal d’ANYbotics pour l’inspection de chantiers. Equipée de caméras thermiques et de scanners 3D, la machine est capable de remplacer efficacement un humain devant régulièrement effectuer des rondes sur de vastes sites de construction.
ANYmal peut se mouvoir facilement sur des terrains accidentés, il peut détecter des objets obstruant des passages ou encore des systèmes électriques en surchauffe. Le robot pèse 50 kilos, ses mensurations sont 105 × 52 × 83 centimètres, son autonomie se situe entre deux et quatre heures et il se déplace jusqu’à 1 mètre par seconde.
En juin de cette année, l’entreprise affirmait que ses machines étaient déjà disponibles à la vente ou à la location. ANYbotics disait alors être en contact avec des clients potentiels actifs dans l’énergie, la chimie, l’industrie minière et la construction.
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Boston Dynamics revendue?
De son côté, Boston Dynamics commercialise depuis juin de cette année son robot Spot, pour 74 500 dollars (soit environ 70 800 francs). Récemment, Bloomberg affirmait que l’entreprise avait déjà écoulé 400 de ses machines et qu’elle se concentrait aussi désormais sur le développement d’un autre robot, Handle, capable de charger et de décharger des palettes.
Mais malgré ces avancées, le marché de la robotique semble difficile. Bloomberg affirmait début novembre que le japonais SoftBank, le propriétaire de Boston Dynamics depuis 2017, cherchait désormais à vendre sa filiale. C’est le groupe sud-coréen Hyundai qui pourrait acquérir le fabricant de robots pour un milliard de dollars, selon l’agence. Boston Dynamics appartenait précédemment à Google, qui ne savait au final pas trop que faire avec le fabricant de robots, qui perdait 50 millions de dollars par année, selon Bloomberg. Aujourd’hui, les coûts opérationnels de Boston Dynamics seraient de 150 millions de dollars par an et SoftBank n’aurait plus envie de continuer d’éponger ses pertes.