«Le monde multilatéral que nous connaissons date d’une époque analogique, il faut imaginer le futur». L’ancienne conseillère fédéral Doris Leuthard présentait mardi en marge du WEF la fondation qu’elle préside, Swiss Digital Initiative (SDI). Ce nouvel acteur vise à améliorer l'éthique et la sécurité sur le web. De grands groupes suisses et internationaux font partie de l’aventure, de Microsoft à Huawei en passant par Credit Suisse mais aussi des hautes écoles. 

La jeune fondation s’est lancée en septembre 2019, mais elle gagne en densité. Mardi soir, deux conseillers fédéraux (Ignazio Cassis et Ueli Maurer), des patrons de grandes entreprises et de nombreux diplomates avaient répondu présents. Yves Flückiger, recteur de l’Université de Genève, raconte que ses équipes se sont mobilisées rapidement pour ce projet, «signe qu’il se trouve au cœur des enjeux du développement de la technologie». Swiss Digital Initiative veut créer des standards dans le domaine de la confiance numérique. L'initiative était noyée dans la masse à ses débuts. Mais elle devient mature, comme l'a relevé Brad Smith, président de Microsoft, partenaire depuis le début. 

200 critères

«Il y a énormément de questions qui se posent, mais nous avançons très vite, explique Marc Walder, fondateur de Digital Switzerland à l’initiative de SDI et par ailleurs président du Temps. Nous avons désormais plus de 200 critères en catalogue pour analyser la qualité de service d’un fournisseur et nous devons maintenant dépasser la phase d’exploration».

Des pionniers ont été présentés, soit des sociétés qui vont passer au printemps par le grill des critères de SDI, en l’occurrence Booking.com et Credit Suisse. «Nous sommes toujours au Far West, dans n’importe quelle autre industrie les consommateurs n’accepteraient pas de produits non certifiés, selon Martin Vetterli, président de l'EPFL. Et la Suisse est le lieu idéal pour parvenir à cette certification.»

Vers un standard suisse

La fondation – qui travaille pour l'instant uniquement sur la bonne volonté de ses membres – doit collaborer avec des entreprises qui souhaitent et osent jouer le jeu dans le domaine de la sécurité numérique. A plus long terme, SDI souhaite oeuvrer avec Gesda, la fondation crée par Patrick Aebischer – ancien président de l'EPFL – et Peter Brabeck, ancien président de Nestlé. Le but consiste à définir un standard suisse pour ensuite l’exporter.

Le financement de SDI pourrait venir à terme de la Confédération, du canton de Genève qui est, avec la présence des organisations internationales, le lieu naturel pour accueillir le projet. Des privés ou des fondations pourraient aussi financer l'initiative. Pour Peter Brabeck, il y a urgence. L'ancien président de Nestlé a récemment participé à un panel à Hong Kong avec le robot humanoïde Sofia: «Il n’y a aucune institution multilatérale qui prenne en compte de tels changements induits par la numérisation».