Comment faire plus faux? Comment cumuler davantage d’erreurs? Difficile. La France semble avoir placé la barre très haut avec son application de traçage des contacts StopCovid. Le gouvernement a multiplié les faux pas et sa stratégie s’apparente d’ores et déjà à un échec avec à la clé à peine plus de 2% de la population ayant téléchargé l’app. L’histoire jugera, puisque StopCovid n’a été lancée que le 2 juin. Mais la Suisse peut déjà tirer plusieurs enseignements du désastre français – le Conseil fédéral doit bientôt donner son feu vert à l’application nationale SwissCovid.

Un total manque de transparence

Le manque de transparence des autorités françaises sur l’app est ainsi affligeant. En théorie, StopCovid ne devait enregistrer des données que lorsque deux personnes se croisent pendant au moins 15 minutes à moins d’un mètre l’une de l’autre. Mais un expert a découvert que des informations sur toutes les personnes qui se croisent – indépendamment du temps passé ensemble – sont enregistrées.

L’app récolte beaucoup plus de données que ce qui avait été annoncé, ce qui est incompréhensible du point de vue de la communication vis-à-vis des citoyens. De plus, disposer d’autant de données risque de rendre plus compliquée l’analyse des données qui sont vraiment pertinentes. La transparence doit être ainsi totale sur l’app: cela semble une évidence, mais la France a prouvé que c’était loin d’être le cas.

L’intérêt du modèle décentralisé

Aux autorités suisses d’apprendre de cette leçon en communiquant de manière parfaite, en expliquant avec sincérité les risques potentiels, les limites de l’app et en tenant compte des voix critiques.

De plus, en optant pour un modèle centralisé, la France se prive d’une interopérabilité avec la grande majorité des apps du continent, comme l’a souligné la semaine passée la Commission européenne. En optant très tôt pour un modèle décentralisé – respectant aussi beaucoup mieux l’anonymat des participants –, la Suisse a fait juste dès le départ.


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