Technologie
Selon un rapport de McKinsey, la numérisation accroîtra la productivité et sera à l’origine de la destruction d’entre 1 et 1,2 million de postes devenus obsolètes d’ici 2030. Pas de quoi paniquer cependant: presque autant de nouveaux jobs seront créés dans les industries directement liées à la technologie, selon la firme

C’est un chiffre choc qu’énonce McKinsey dans un rapport intitulé «Le futur du travail: l’opportunité numérique de la Suisse»: d’ici 2030, entre 1 et 1,2 million d’emplois pourraient disparaître dans le pays à cause de la numérisation. Ces jobs seront remplacés par des algorithmes, des applications ou des robots. Selon la société de conseil, 46% des heures de travail actuelles en Suisse effectuées par des humains pourraient ainsi être remplacées par des machines.
Les secteurs qui seront les plus affectés sont ceux de la grande distribution (avec 25 à 30% des emplois amenés à disparaître d’ici douze ans), de l’industrie manufacturière, de la finance (30 à 40% des emplois condamnés) et de l’administration publique. Ces domaines d’activité sont majeurs, rappelle McKinsey, puisqu’ils représentent près de la moitié de l’emploi salarié et comptent pour environ 60% du PIB suisse.
Le remplacement du travail humain par des machines n’est pas nouveau, relativise McKinsey, mais désormais, ce processus va se dérouler de manière deux fois plus rapide. Pas de quoi paniquer, cependant, tente de rassurer la multinationale. De nombreux emplois devraient aussi être créés en parallèle. Ainsi, environ 400 000 jobs liés directement à la technologie elle-même – que ce soit via des logiciels ou du hardware – et pour la mise en place de solutions de numérisation, devraient apparaître.
De plus, 400 000 emplois supplémentaires pourraient être générés parce que l’automatisation et l’intelligence artificielle devraient augmenter la productivité et les revenus, de manière à accroître la consommation et la demande pour des emplois locaux.
La Suisse en retard
Mais ces emplois ne vont pas tomber du ciel, avertit McKinsey, estimant que la Suisse est en retard sur deux domaines. Elle doit ainsi, pour demeurer compétitive, accélérer la transformation numérique et «requalifier» une part importante de sa main-d’œuvre. C’est d’autant plus important qu’actuellement, 1,4 million d’emplois en Suisse dépendent directement ou indirectement des exportations. Si la chimie, la pharma, l’industrie des machines ou l’horlogerie n’accélèrent pas leur numérisation, ces secteurs risquent de vivre des temps difficiles.
Si la transition s’effectue correctement en revanche, si les employés peuvent être formés correctement, la Suisse peut en sortir gagnante, affirme McKinsey. Depuis 2010, l’augmentation de la productivité a été de 0,5% en moyenne. Elle pourrait s’accroître de plus de 1% en moyenne d’ici 2025 grâce à la numérisation.