En Suisse, Uber affirme participer à la démotorisation des ménages
Transport
Selon la société américaine de mise en relation entre chauffeurs privés et clients, 9% des ménages lausannois et genevois qui renoncent à leur voiture le font grâce à Uber

Uber affirme jouer un rôle dans le renoncement des ménages à acquérir une voiture, ou dans leur décision de vendre leur véhicule. Voilà l’une des conclusions à laquelle parvient une étude, publiée lundi et commandée par la société de San Francisco. Pour la deuxième fois, Uber a mandaté le cabinet de recherche français 6T pour cette analyse, après une première étude publiée en septembre 2015. La recherche la plus récente a été effectuée fin janvier 2016 via Internet auprès de 4494 utilisateurs de la société de mise en relation entre chauffeurs privés et clients.
Selon ses calculs, Uber compte aujourd’hui 170 000 clients en Suisse romande, dont 88 000 résidants dans les agglomérations genevoise et lausannoise. Rappelons que la société, dont les chauffeurs se commandent via une application pour smartphone, n’est pour l’heure présente que dans ces deux villes en Suisse romande, en plus de Bâle et Zurich.
Selon la dernière étude, pour 100 utilisateurs d’Uber vivant dans l’arc lémanique, 5,6 voitures ne sont plus utilisées. La société parvient à ce chiffre en prenant en compte les voitures privées vendues par des clients d’Uber, mais aussi les achats prévus auxquels ils ont renoncé. Mais la société californienne n’est pas la seule à influencer ces décisions: Uber est le facteur principal de changement d’équipement pour 9% de ses utilisateurs, d’autres facteurs (déménagement, changement d’emploi, etc.) intervenant dans 91% des cas.
Utilisation en hausse la nuit
Au niveau global, le nombre de voitures de tourisme ne cesse de progresser en Suisse. Fin 2016, il y en avait 4,52 millions, contre 4,46 millions un an plus tôt, selon l’Office fédéral de la statistique. Selon l’OFS, entre 1970 et 2016, le taux de motorisation est en hausse pour la majorité des cantons. Mais il y a des exceptions: à Genève, le taux de voitures par habitant progresse jusqu’au début des années 2000, puis baisse les années qui suivent. Le nombre moyen de voitures par ménage a diminué entre 2000 et 2010, passant de 1,20 à 1,01, selon des chiffres officiels publiés début 2014.
Revenons à Uber: ses services sont de plus en plus utilisés la nuit. La part des déplacements nocturnes est passée, depuis 2015, de 40 à 42% à Lausanne et de 22 à 32% à Genève. La société californienne affirme donc prendre le relais des transports publics lorsqu’ils sont moins, voire plus du tout disponibles. En parallèle, Uber dit créer un lien entre le centre de la ville et sa périphérie: à Lausanne, par exemple, 65% des déplacements sont en lien avec la périphérie, contre 52% en 2015.
Avant tout pour le prix
De plus, 40% des clients estiment qu’ils font, grâce à ses services, des nouveaux déplacements. Ce sont avant tout les personnes sans permis de conduire (52% d’entre eux) qui effectuent ces nouveaux trajets, alors que 37% des personnes dotées d’un permis font ces nouveaux déplacements. Et dans la majorité des cas (85%), l’origine ou la destination de la course avec Uber est liée au domicile.
Avec cette étude, Uber – qui se bat, tant à Lausanne qu’à Genève, pour obtenir un cadre législatif conforme à ses intérêts –, veut montrer qu’il a une influence positive à plusieurs niveaux: contactée, la société met en avant la réduction du parc automobile, les conséquences positives sur la congestion du trafic, l’amélioration du bilan environnemental ou encore la disponibilité accrue de places de parking en milieu urbain romand.
A noter enfin que les clients d’Uber, principalement des jeunes (34,1 ans de moyenne), utilisent ses services avant tout car ils sont moins chers que ceux des taxis (44% des sondés) et plus pratiques (26%)
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Comment Uber pistait ses clients
Une nouvelle affaire, révélée par le «New York Times» dans la nuit de dimanche à lundi, est venue écorner l’image d’Uber. Selon le quotidien américain, la société basée à San Francisco aurait installé sur les iPhone de ses clients un système permettant de les pister. Ce système fonctionnait même lorsque l’application avait été désinstallée du smartphone.
En 2015, écrit le «New York Times», Travis Kalanick, cofondateur et directeur d’Uber, s’était même fait convoquer au siège d’Apple, à Cupertino (Californie). Là, Tim Cook, directeur de la marque à la pomme, lui aurait dit «Alors, j’ai entendu que vous avez violé certaines de nos règles», en lui demandant ensuite de les respecter, sous peine de supprimer Uber du magasin d’application de l’iPhone. Travis Kalanick aurait rapidement obtempéré.
Avant cela, Uber était capable de tracer tous ses clients, actuels ou passés. Apple a pu découvrir cela alors même qu’Uber avait demandé à ses ingénieurs de ne pas installer ce système de pistage sur les iPhones des employés de la société de Tim Cook. Pour sa défense, la société de Travis Kalanick a affirmé que le but de ce stratagème était d’empêcher des chauffeurs de se commander eux-mêmes des courses via plusieurs smartphones. (A. S.)