Technologie
Le congrès du Drone Innovators Network a rassemblé industrie, start-up, régulateurs et académiciens mardi à Zurich, à l’instigation du WEF et du DETEC. L’occasion de collaborer sur la régulation, enjeu majeur du secteur

Parole de start-uper, la journée de mardi consacrée aux drones sur le campus de l’EPFZ à Hönggerberg (ZH) était une «démonstration de force face au monde». Car la Suisse «joue un rôle de pionnier dans ce domaine», a assuré Doris Leuthard. La conseillère fédérale responsable du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) inaugurait ce premier congrès Drone Innovators Network, qui a rassemblé académiciens, industrie, start-up et régulateurs et a mis en scène plusieurs exemples du savoir-faire helvétique dans le domaine de ces robots aériens.
Parmi ces démonstrations, celle du transport d’échantillons de laboratoire entre hôpitaux. La Poste s’en charge au Tessin depuis 2017 et l’initiative va se développer à Berne. Ou celle de Skyguide qui a présenté le premier système national de gestion du trafic de drones en Europe. Nommé Swiss U-space et développé avec l’entreprise américaine AirMap, il a permis aux participants de visualiser l’activité de plusieurs drones sur le territoire suisse en temps réel. Avec ce système, les drones reçoivent des informations sur le trafic aérien, sont prévenus s’ils s’approchent d’une zone interdite et envoient leurs trajectoires de vol. Il est aussi possible de savoir si les drones en déplacement sont autorisés, le tout renforçant la sécurité aérienne.
Encourager l’innovation
A l’origine de ce congrès se trouve le Forum économique mondial (WEF). Ce dernier considère les drones comme un élément essentiel de la révolution industrielle 4.0 et a voulu mettre en place un réseau (le Drone Innovators Network) où les autorités peuvent collaborer afin d’accélérer l’utilisation «responsable» des drones. Jugeant la Suisse comme étant le lieu évident pour lancer cette initiative, le WEF a sollicité le DETEC. Ce dernier, qui a encouragé le développement de la «Drone Valley» en Suisse – sécurité, agriculture, transport médical ou humanitaire: le pays compte plus de 80 sociétés, dont une grande partie dans la région lémanique, et emploie 2500 personnes –, n’a pas hésité. «Pour la Suisse, c’est un honneur de tenir ce congrès», a déclaré Doris Leuthard. Dans son discours, elle a également souligné l’importance de ne pas aller trop vite dans la réglementation pour éviter de freiner l’innovation.
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La régulation est un enjeu pour tous les pays, qui doivent assurer la sécurité de l’espace aérien. Le cadre réglementaire suisse est considéré comme «exceptionnel». «Certains pays inventent des risques qui n’existent pas et créent des cadres réglementaires extrêmement contraignants pour les drones. C’est le cas en Europe, notamment en France», soutient Samuel Dépraz, spécialiste de la régulation chez SenseFly. Fondée en 2009, cette société vaudoise fabrique des drones pour les géomètres, les agriculteurs et les exploitants de carrière, notamment. Pour lui, comme pour la plupart des participants, ce congrès était aussi l’occasion de montrer l’utilité sociale des drones, de «marquer des points face au grand public» et de sortir des clichés des drones bruyants ou objets volants susceptibles de violer l’intimité de ses voisins.
Signe que la Suisse met les bouchées doubles dans ce domaine, Présence Suisse (qui organisait le congrès) a lancé depuis la mi-mai son initiative «Switzerland – home of drones», qui permet aux projets helvétiques d’être présentés dans plusieurs villes du monde, dont Paris – au salon VivaTech, en mai dernier.