«Comment osez-vous remettre en cause des mesures technologiques alors que la pandémie s’étend?» s’étrangleront sans doute certains à la lecture de notre dossier consacré à la surveillance. Justement. C’est maintenant qu’il faut questionner ces méthodes de traçage d’individus, de profilage et de détection des personnes à risque. Lutter contre la pandémie actuelle nécessite des moyens exceptionnels: aucun doute à ce sujet. Mais ces méthodes ne sauraient s’affranchir d’un contrôle démocratique afin que nos libertés individuelles soient respectées.

Partout, la tentation devient grande, pour des Etats qui n’ont absolument rien de totalitaire, d’exploiter les smartphones de millions de citoyens pour lutter contre le virus. Analyser les flux de personnes, mais tenter surtout de déterminer si la distance sociale est respectée, cela semble logique. Essayer de déterminer a posteriori le parcours d’une personne infectée pour alerter celles et ceux qu’elle a croisés pourrait sauver des vies. Mais pour y parvenir, il faut dès à présent faire attention à deux éléments essentiels.

Le premier, c’est la nécessité d’offrir une transparence totale sur les méthodes employées. Dans ce sens, le projet «Pan-European Privacy-Preserving Proximity Tracing (PEPP-PT)», auquel est associée l’EPFL, est extrêmement intéressant: regroupant 130 partenaires, il sera mis en libre accès une fois finalisé. C’est une garantie de transparence essentielle pour que ce système soit sans cesse mis à l’épreuve et amélioré, que ses éventuelles failles et biais soient repérés à temps. Le système doit être parfait, car les données traitées sont intimes et personnelles.


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L’autre point important tient à la durée des mesures de surveillance prises. Il faut que cette surveillance soit limitée dans le temps et que les citoyens aient à tout moment la possibilité de décider d’appuyer sur le bouton «stop». Car la tentation sera certainement très grande, pour de nombreux Etats, d’utiliser ces mesures de surveillance à d’autres fins.

Utiliser tous les moyens technologiques pour lutter contre la pandémie est une nécessité. Mais le faire avec discernement, sous le contrôle de tous les citoyens, l’est tout autant.