Selon le moteur
Mais évidemment, tout dépend du véhicule conduit et de son type de motorisation. Les moteurs diesel sont généralement plus efficaces à grande vitesse que les moteurs à essence ou à gaz, tandis que les véhicules hybrides et électriques sont plus performants dans les embouteillages, affirme Google. «C’est pourquoi, dans les semaines à venir, nous permettrons aux conducteurs utilisant des itinéraires écologiques de sélectionner leur type de moteur – essence ou gaz, diesel, hybride ou véhicule électrique.»
Voilà pour les promesses. Qu’en pense l’Association transports et environnement (ATE), qui milite avant tout en faveur des moyens de transport publics? «Consommer moins de carburant permet certes de réduire les émissions de CO2, mais il faut faire attention à l’effet «rebond» et considérer aussi les autres impacts environnementaux», nuance immédiatement Luca Maillard, spécialiste évaluation environnementale au sein de l’ATE, sollicité par Le Temps. Celui-ci assène: «On ne devrait pas appeler eco-friendly un trajet en voiture, même s’il consomme un peu moins de carburant.»
Abrasion des pneus
Allons dans les détails, maintenant. «Les trajets proposés pour moins consommer évitent les autoroutes et passent souvent dans les agglomérations, poursuit Luca Maillard. Le bruit et les polluants atmosphériques y induisent plus d’impacts que le long des autoroutes.» Le spécialiste estime aussi qu’un parcours qui consomme moins peut aussi présenter un profil dynamique émettant plus de polluants: «Par exemple, un trajet composé de nombreux arrêts et redémarrages induit plus d’abrasion des pneus. Les particules fines relâchées par les pneus constituent un problème environnemental et sanitaire sous-estimé, alors que ces particules sont néfastes pour la santé et que les voitures en émettent plus du double par rapport à celles issues de l’échappement.»
Contactée également par Le Temps, la société de consultants Quantis, spécialisée dans l'environnement, se pose des questions: «L'initiative de Google semble être une tentative légitime d'aider les conducteurs à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, en fonction également de leur type de moteur. Ce que nous ne savons pas, et c'est qui devrait être testé, c'est si cela entraînera un changement réel: combien de conducteurs choisiront réellement de passer plus de temps pour économiser du carburant? Nous ne connaissons pas non plus les détails de l'algorithme et des données utilisés», estime Alexi Ernstoff, Global Science Lead chez Quantis.
La nouvelle option de Google n’est donc peut-être pas si verte que cela. Certes, la multinationale propose aussi des itinéraires à pied et à vélo. Certes, Google estime que «face à la menace de pénurie d’énergie au quotidien, de nombreux Suisses envisagent de passer entièrement au vélo, au bus ou au train.» Il n’empêche, utiliser Google Maps consomme aussi de l’électricité…
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