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Des trajets plus verts grâce à Google Maps? Ce n’est pas si évident que cela…

La multinationale a annoncé mercredi la possibilité de choisir l’itinéraire, en voiture, dépensant le moins de carburant. Attention au «greenwashing», avertit l’Association transports et environnement

Image d'illustration.
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Sur le papier, l’idée est séduisante: dépenser moins de carburant pour ses trajets en voiture, grâce à Google Maps. Mercredi, la multinationale a annoncé l’introduction d’itinéraires économes en carburant au sein de son application phare, qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs. Google Maps indiquera désormais non seulement l’itinéraire le plus rapide, mais aussi celui qui est le plus économique. En quelques clics, promet le groupe, il sera possible de définir son propre type de véhicule et d’afficher ensuite l’économie relative de carburant et la différence de temps entre les deux itinéraires. «Ainsi, les utilisateurs peuvent non seulement réduire les émissions de CO2, mais aussi faire des économies de carburant», annonce fièrement Google dans sa communication.

Comme a pu le constater Le Temps, il n’est pas encore possible d’activer cette option. «Patience, a répondu la multinationale, ce sera déployé progressivement dans Android, iOS, Android Auto et CarPlay à partir d’aujourd’hui au cours des prochaines semaines.» La nouvelle option sera déployée dans 40 pays. Mais elle l’a déjà été en Amérique du Nord, avec succès, prétend Google: «Depuis son lancement aux Etats-Unis et au Canada, on estime que cette option eco-friendly a déjà permis de réduire de plus d’un demi-million de tonnes les émissions de carbone, ce qui équivaut à retirer 100 000 voitures à essence de la circulation.»

Selon le moteur

Mais évidemment, tout dépend du véhicule conduit et de son type de motorisation. Les moteurs diesel sont généralement plus efficaces à grande vitesse que les moteurs à essence ou à gaz, tandis que les véhicules hybrides et électriques sont plus performants dans les embouteillages, affirme Google. «C’est pourquoi, dans les semaines à venir, nous permettrons aux conducteurs utilisant des itinéraires écologiques de sélectionner leur type de moteur – essence ou gaz, diesel, hybride ou véhicule électrique.»

Voilà pour les promesses. Qu’en pense l’Association transports et environnement (ATE), qui milite avant tout en faveur des moyens de transport publics? «Consommer moins de carburant permet certes de réduire les émissions de CO2, mais il faut faire attention à l’effet «rebond» et considérer aussi les autres impacts environnementaux», nuance immédiatement Luca Maillard, spécialiste évaluation environnementale au sein de l’ATE, sollicité par Le Temps. Celui-ci assène: «On ne devrait pas appeler eco-friendly un trajet en voiture, même s’il consomme un peu moins de carburant.»

Abrasion des pneus

Allons dans les détails, maintenant. «Les trajets proposés pour moins consommer évitent les autoroutes et passent souvent dans les agglomérations, poursuit Luca Maillard. Le bruit et les polluants atmosphériques y induisent plus d’impacts que le long des autoroutes.» Le spécialiste estime aussi qu’un parcours qui consomme moins peut aussi présenter un profil dynamique émettant plus de polluants: «Par exemple, un trajet composé de nombreux arrêts et redémarrages induit plus d’abrasion des pneus. Les particules fines relâchées par les pneus constituent un problème environnemental et sanitaire sous-estimé, alors que ces particules sont néfastes pour la santé et que les voitures en émettent plus du double par rapport à celles issues de l’échappement.»

Contactée également par Le Temps, la société de consultants Quantis, spécialisée dans l'environnement, se pose des questions: «L'initiative de Google semble être une tentative légitime d'aider les conducteurs à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, en fonction également de leur type de moteur. Ce que nous ne savons pas, et c'est qui devrait être testé, c'est si cela entraînera un changement réel: combien de conducteurs choisiront réellement de passer plus de temps pour économiser du carburant? Nous ne connaissons pas non plus les détails de l'algorithme et des données utilisés», estime Alexi Ernstoff, Global Science Lead chez Quantis.

La nouvelle option de Google n’est donc peut-être pas si verte que cela. Certes, la multinationale propose aussi des itinéraires à pied et à vélo. Certes, Google estime que «face à la menace de pénurie d’énergie au quotidien, de nombreux Suisses envisagent de passer entièrement au vélo, au bus ou au train.» Il n’empêche, utiliser Google Maps consomme aussi de l’électricité…

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