Comparaison avec Twitter
La réalité est tout autre concernant les audiences des réseaux sociaux mentionnés par Donald Trump. Aujourd’hui, Facebook compte environ 2,9 milliards d’utilisateurs se connectant au moins une fois par mois, TikTok un milliard et Twitter plus de 544 millions. Quant à Truth Social, il ne serait en mesure de revendiquer que deux millions d’utilisateurs mensuels. Si l’on observe les internautes se connectant au moins une fois par jour, le réseau de Donald Trump peut revendiquer 513 000 utilisateurs, contre plus de 250 millions pour Twitter.
L’ancien président américain, candidat déclaré pour l’élection de 2024, enjolive donc totalement la situation. Sur son propre réseau social, il est suivi par 4,37 millions de personnes, soit 19 fois moins que sur Twitter. Sur Truth Social, l’homme d’affaires ne dispose donc pas d’un mégaphone mondial. Mais Truth Social est plus important que d’autres réseaux sociaux alternatifs. En septembre, son site web comptait 1,7 million de visiteurs uniques aux Etats-Unis, selon la société de recherche SimilarWeb, contre environ 350 000 pour des sites tels que Gab, Parler, Gettr, MeWe et Minds.
Approuvé par Google
Depuis des mois, Truth Social souffre d’un manque de visibilité. Si l’application pour iOS (iPhone) a été approuvée rapidement par Apple cet été, Google n’a donné son feu vert pour son système Android que le 13 octobre dernier. Initialement, Google avait jugé insuffisante la modération des contenus sur la plateforme de l’ancien président américain. Mi-octobre, la multinationale américaine justifiait le feu vert donné à l’app Truth Social car son éditeur avait finalement accepté de la mettre à jour pour s’assurer que son règlement sur le retrait des messages d’incitation à la violence soit appliqué.
A noter aussi que tant les apps de Truth Social que son site web ne sont accessibles qu’aux Etats-Unis. Pourquoi? Ce n’est pas clair. Il y a apparemment un problème avec le nom «Truth Social», protégé dans l’Union européenne selon le site spécialisé Worldtrademarkreview.com. Il est aussi possible que Donald Trump ne veuille pas confronter son réseau social aux futures lois européennes sur la modération de contenu. Enfin, il semble probable que le candidat à l’élection présidentielle de 2024 cherche avant tout à cibler une audience américaine pour galvaniser ses futurs électeurs.
Théories complotistes
Et justement, que trouve-t-on sur Truth Social? Donald Trump est un utilisateur fervent de sa plateforme. Début septembre, il avait posté à lui seul 88 messages en l’espace de vingt-quatre heures, selon un décompte réalisé par le New York Times. Parmi ces messages figuraient plusieurs contrevérités et théories complotistes. Par exemple, le fait qu’un agent du FBI à la retraite était à l’origine de la perquisition de sa propriété de Mar-a-Lago le 8 août et de l’enquête sur les liens éventuels de sa campagne avec la Russie. Ou le fait qu’il devrait être réinstallé à la présidence parce que l’élection de 2020 était frauduleuse. «Déclarez le vainqueur légitime ou, et ce serait la solution minimale, déclarez l’élection de 2020 irrémédiablement compromise et organisez une nouvelle élection, immédiatement!», écrivait alors notamment Donald Trump.
L’ancien président partage souvent des écrits liés au mouvement complotiste QAnon, sans risque de se faire censurer. Une récente étude de l’association Pew Research Center indique que la majorité des membres de Truth Social partagent les mêmes vues politiques que Donald Trump. La majorité des messages fait surtout référence aux armes, à l’assaut du Capitole début 2021 et à la vaccination contre le coronavirus.
Lire encore: Le parcours semé d’embûches de Truth Social, le réseau social de Donald Trump