Court-circuit
En voulant réguler les messages tendancieux du président américain, le réseau social n’a en réalité fait que les mettre en avant

Le compte Twitter de Donald Trump, suivi par 88 millions de personnes, c’est un peu le calendrier de l’Avent, avec quelques jours d’avance. Souvent, les messages sont masqués, car censurés par le réseau social. Mais cette censure est en réalité bien légère, car un clic suffit pour accéder au contenu de ces tweets. Le réseau social veut montrer qu’il ne peut pas laisser dire n’importe quoi au président américain. Mais l’effet obtenu est inverse: masquer ces messages donne encore plus envie de les lire. Et c’est aisé.
Bien sûr, en multipliant les étiquettes sur les messages litigieux, Twitter tente d’endiguer le flux de fake news. Mais écrire «une partie ou la totalité du contenu partagé dans ce tweet est contestée et susceptible d’être trompeuse quant au mode de participation à une élection ou à un autre processus civique» ne suffit pas. Cela attise la curiosité, légitime, des internautes. Critiqué auparavant pour son laxisme, le réseau social se fait aujourd’hui fort de distinguer quatre catégories de contenus trompeurs: les informations trompeuses sur la façon de prendre part au vote, les intimidations, les informations trompeuses sur les résultats et enfin les affiliations fausses. Mais ces petites étiquettes ne servent au final pas à grand-chose.
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Difficile de proposer d’autres solutions pour tenter de lutter contre la désinformation. Twitter annonce qu’il aura la tâche plus aisée dès fin janvier, lorsque Donald Trump ne sera plus président: il sera alors traité comme n’importe quel utilisateur et s’il franchit trop souvent les limites de la vérité, il sera banni. Pour le moment, Donald Trump bénéficie de son statut, car «les personnes doivent pouvoir choisir de voir ce que disent leurs leaders, avec du contexte clair», affirme Twitter. Il sera du coup très intéressant de voir comment le réseau social gérera le compte du futur ex-président – pour autant qu’il demeure actif sur cette plateforme, ce qui n’est pas certain.
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En attendant, si l’on recherche «loser» sur Twitter, la première occurrence est le compte de Donald Trump. S’agit-il d’une farce de la part d’employés du réseau social? Peut-être. Une chose est certaine: la gestion de cette affaire par l’entreprise américaine n’a de loin pas été optimale.