Ils venaient de toute l’Europe, d’Inde, de pays africains, de Suisse. Depuis lundi matin, l’association Swiss Legal Tech organisait un hackathon à X-TRA, une boîte de nuit zurichoise, pour plancher sur les solutions technologiques de demain dans le domaine juridique. Pas moins de 150 participants se sont présentés, dont 80 avocats et près de 40 développeurs, pour intégrer la blockchain, les smart contracts (contrats intelligents), l’automatisation et autres innovations numériques au travail des juristes. Résultat, 36 heures plus tard: 17 prototypes, dont celui de l’équipe gagnante qui a proposé une application, Solvee, pour distribuer facilement un héritage au sein d’une famille.

Le droit est l’un des secteurs encore épargnés par Internet et les nouvelles technologies, qui ont déjà bouleversé l’édition ou la grande distribution et sont en train de transformer d’autres secteurs, comme la finance. Mais de nouveaux acteurs émergent. Selon une liste de l’Université Stanford, il existe 731 start-up dans le monde qui sont en train de changer la façon dont les services juridiques sont fournis.

Travail encore artisanal

D’un côté, les grandes firmes d’avocats ne se sont jamais aussi bien portées, a affirmé, chiffres à l’appui dans plusieurs pays, Markus Hartung, directeur du Centre Bucerius sur la profession juridique, à Hambourg. De l’autre, des mutations commencent à apparaître: environ «31 000 postes ont déjà été détruits par la technologie dans ce secteur», a prévenu Sascha Thiessen, membre du conseil exécutif de Diconium strategy, un consultant basé à Stuttgart. D’autant, a renchéri Sandy Devine, responsable pour l’Europe continentale chez Axiom Suisse, que «nous sommes encore dans l’artisanat pour la majorité du travail juridique, très peu de tâches se font de façon industrielle et, encore moins, numérique».

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D’où l’importance de réunir les acteurs du domaine et de «les rendre enthousiastes, pas effrayés par les changements qui se profilent», a expliqué Petra Arends-Paltzer, cofondatrice de Swiss Legal Tech, avocate et spécialiste du marketing numérique. Pour l’instant, «les affaires marchent tout simplement trop bien, particulièrement en Suisse, pour que les avocats se soucient des changements technologiques. Ils ont donc tendance à les sous-estimer» a-t-elle poursuivi, avant de nuancer: le fait que la conférence qui clôturait ces trois jours ait attiré 360 participants «montre que le sujet commence à intéresser». L’association a été créée l’an dernier pour fédérer l’écosystème technologique dans ce secteur.