C’est le bon moment pour réfléchir aux moyens de communiquer avec son smartphone. La volonté de WhatsApp de transférer des informations sur ses utilisateurs à Facebook a provoqué un choc pour de nombreuses personnes. Et même si ce transfert ne concerne (pour le moment) pas les utilisateurs suisses de WhatsApp, et qu'il ne devrait finalement avoir lieu que le 15 mai, certains de ses fidèles réfléchissent à des alternatives, plus respectueuses de la vie privée. On le voit ces derniers jours, l’intérêt pour des d’autres messageries est important, même s’il est impossible de quantifier l’exode d’utilisateurs de WhatsApp vers Telegram, Signal ou l’app suisse Threema. Voici les avantages et inconvénients de ces trois applications principales – il en existe bien sûr des dizaines d’autres.

1. Le modèle d’affaires

C’est un point capital, car du modèle d’affaires découle la façon dont les utilisateurs sont traités. Pour Threema et Signal, les modèles sont opposés mais très simples. L’entreprise Threema demande 3 francs (coût unique) pour télécharger son app, et plus rien ensuite: ni abonnement, ni utilisation de données à des fins publicitaires. Signal, elle, est appuyée par l’association à but non lucratif Signal Foundation. Elle n’a aucune ambition de gagner de l’argent, que ce soit par un moyen ou un autre. Signal est soutenue par Brian Acton, l’un des deux créateurs de WhatsApp, qui avait quitté cette entreprise après son rachat par Facebook.

Du côté de Telegram, c’est plus compliqué. L’app a été créée par deux frères russes, Pavel et Nikolaï Durov, qui sont milliardaires. Pas de souci d’argent de leur côté, mais ils ont essayé de lancer une cryptomonnaie, sans succès. Ils ont aussi évoqué la possibilité d’afficher de la publicité au sein de Telegram ou de vendre des services additionnels à des entreprises, mais sans pour l’heure donner de détails.

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2. La sécurité

Comme WhatsApp, et comme Signal, Threema chiffre toutes les communications de bout en bout par défaut, ce qui signifie que personne ne peut a priori y avoir accès. Sur Telegram, les échanges ne sont pas chiffrés par défaut: l’utilisateur doit lui-même, au début de chaque conversation, effectuer une manipulation pour que cela soit le cas. Il faut cliquer sur le profil de son correspondant, puis sur les trois petits points, puis sur «démarrer un échange secret».

Il y a aussi la question du code source de ces messageries. Celui de Signal est consultable par tous, ce qui accroît sa sécurité, puisque n’importe quel spécialiste peut l’auditer et proposer des améliorations. Threema s’est récemment engagée à faire de même. Telegram n’a rendu pour l’heure que des parties de son code disponibles publiquement. Le code source de WhatsApp n’est quant à lui pas consultable.

A noter que Threema est l’app qui demande le moins d’information sur son utilisateur: pas besoin de donner son adresse e-mail ou son numéro de téléphone pour l’employer. Comme l’application suisse, Signal utilise par ailleurs un système décentralisé: les profils d’utilisateurs et les listes de contacts restent dans les téléphones et ne se trouvent pas sur un serveur.

Au niveau de la loi, le droit suisse s’applique à Threema, le droit américain à Signal et la situation n’est pas claire concernant Telegram.

3. Les fonctions

Il n’y a guère de différences sur ce point-là. Si Signal permet de créer des groupes allant jusqu’à 1000 personnes. Telegram va plus loin avec une limite de 200 000 participants, ce qui le rapproche d’un réseau social. Discussions de groupe, partage de fichiers multimédias, appels vocaux et vidéo, les fonctions sont proches. Seule Threema ne propose pour l’heure pas de messages éphémères, mais ce n’est à notre sens pas une fonction importante. C’est WhatsApp qui offre sans doute le plus de fonctions aujourd’hui.

Le nombre d’utilisateurs va compter aussi, bien entendu, pour votre choix. Le roi, c’est sans discussion WhatsApp. Aujourd’hui, Telegram semble davantage utilisée que Signal – Threema, nettement moins connue, étant en troisième position dans ce classement. Il est possible que les appels d’Elon Musk, Edward Snowden ou Jack Dorsey, le directeur de Twitter, à utiliser Signal, placent cette app en tête de classement des alternatives à WhatsApp.