WeRobotics, des drones au chevet des pays émergents
Innovation (3/5)
Start-up à but non lucratif, WeRobotics multiplie les projets liés à des drones dans les pays en voie de développement

Pendant cette année des 20 ans, Le Temps met l’accent sur sept causes emblématiques. La sixième porte sur «la technologie au service de l’homme». Dans cette série, nous mettrons en avant des entreprises suisses orientées vers l’amélioration du quotidien.
Les deux premiers épisodes:
Des drones pour combattre le virus Zika au Brésil. Des drones pour réduire les pertes avant les récoltes en Tanzanie. Des drones pour livrer des médicaments en République dominicaine. En à peine deux ans et demi d’existence, WeRobotics s’est déjà fait un nom, au niveau mondial, dans l’utilisation des drones dans les pays en voie de développement. La start-up basée à Genève et au Delaware mène aujourd’hui des dizaines de projets pour utiliser au mieux cette technologie émergente.
A l’origine de cette société se trouve Sonja Betschart, cofondatrice de WeRobotics avec Andrew Schroeder et Patrick Meier. «J’ai commencé à travailler dans le secteur du drone en 2013 déjà et j’ai tout de suite perçu son potentiel d’utilisation dans les pays en voie de développement, explique avec enthousiasme l’entrepreneuse. Pour moi, il ne fallait pas perdre de temps à attendre que les géants de cette industrie s’y intéressent. Il fallait agir tout de suite.»
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Ainsi est née WeRobotics en 2015. «Notre mission n’a pas changé: résoudre des problèmes sociaux très concrets via des drones. Cette technologie est peu coûteuse, elle permet d’assurer un nombre important de solutions, que ce soit la cartographie via des prises de photos, la vidéo ou le transport de médicaments urgents dans des zones difficiles d’accès. Et surtout, ce sont des services qui peuvent être gérés localement, et de manière indépendante, par des entreprises et des administrations de pays en voie de développement», poursuit Sonja Betschart.
Des «flying labs»
En à peine trente mois d’existence, WeRobotics, structure de 12 employés fixes, a déjà créé une dizaine de Flying Labs en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie qui emploient à leur tour une bonne vingtaine de personnes locales. Leur but: être des hubs de connaissance pour que des services utiles à tous soient créés autour des drones.
«J’étais récemment au Bénin. En à peine une semaine, en réunissant les pouvoirs publics, des entrepreneurs, des ONG locales et des acteurs du marché du drone, nous avons identifié 68 cas d’utilisation qui pourraient être lancés localement», affirme Sonja Betschart. Les drones pourraient notamment être utilisés pour cartographier de manière beaucoup plus précise que les satellites les zones urbaines. Dans le même ordre d’idées, ces machines ont déjà été utilisées dans plusieurs pays après des catastrophes naturelles pour estimer de manière précise les besoins des rescapés.
A priori, WeRobotics ne sera jamais une grande société, notre but est vraiment que les acteurs locaux grandissent en nombre et créent des services viables et utiles autour des drones
Sonja Betschart, cofondatrice de WeRobotics
L’entreprise essaime ainsi ces projets avec l’objectif de mettre en place un réseau d’experts locaux dans les pays en voie de développement qui permettront de créer, sur le long terme, des services utiles et durables. «Nous avons surtout un rôle de consultant et de facilitateur, car les acteurs locaux possèdent déjà un haut niveau de connaissance. A nous de les réunir», estime Sonja Betschart. WeRobotics bénéficie du soutien des grands noms de l’industrie du drone, tels le chinois DJI et le français Parrot, mais aussi les entreprises vaudoises SenseFly et Pix4D, appartenant toutes deux à Parrot.
A but non lucratif
La start-up a la particularité d’être à but non lucratif. Elle est soutenue avant tout par des fondations, comme Rockefeller, Hewlett, Autodesk, mais aussi Usaid, l’Agence des Etats-Unis pour le développement international. L’équipe de Sonja Betschart bénéficie aussi de soutiens comme celui du Forum économique mondial (WEF) – la cofondatrice est cette semaine invitée par celui-ci à son événement de Tianjin, en Chine. «Nous sommes toujours en train de lever des fonds. Et à moyen terme, nous visons à ce que les Flying Labs soient entièrement autofinancés. A priori, WeRobotics ne sera jamais une grande société, notre but est vraiment que les acteurs locaux grandissent en nombre et créent des services viables et utiles autour des drones», assure Sonja Betschart.
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WeRobotics n’est pas seulement confrontée à des défis financiers. «Nous avons la chance d’être une société entièrement numérisée avec des employés sur tous les continents, relève Sonja Betschart. Mais voir rarement ses collègues et communiquer via Skype ou par e-mail nous met aussi au défi de garder une cohésion importante et un parfait esprit d’équipe.»
Drones sous-marins
L’entrepreneuse voit déjà plus loin que les drones volants. «Nous testons des drones sous-marins et des drones terrestres, notamment pour explorer des zones aujourd’hui complètement inaccessibles.»