Démocrates et républicains alliés dans la guerre commerciale
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Issue des élections de mi-mandat, la nouvelle majorité démocrate à la Chambre des représentants soutient le président Trump face à la Chine

Les démocrates américains, qui viennent de retrouver la majorité à la Chambre des représentants, affûtent leurs armes pour affronter Donald Trump sur plusieurs fronts. Notamment les allégements fiscaux aux entreprises, la dérégulation ou encore les assurances sociales. Ils pourraient même aller jusqu’à demander sa destitution. Mais il y a un dossier sur lequel ils sont sur la même longueur d’onde que le président américain: l’offensive commerciale contre la Chine.
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«Les démocrates sont historiquement plus protectionnistes que les républicains, fait remarquer Howard Yu, professeur d’économie à l’IMD à Lausanne. Ils sont proches des syndicats qui, comme le président Trump, s’emploient à combattre les délocalisations et à préserver les emplois dans le pays.»
«La Chine floue les Etats-Unis»
Deux dirigeants démocrates en vue, Charles Schumer, chef du groupe à la Chambre des représentants, et Nancy Pelosi, qui se positionne pour redevenir la présidente de la chambre, sont connus pour leurs positions à l’égard de la Chine. «Les Etats-Unis doivent lancer des actions stratégiques contre les pratiques commerciales déloyales et illégales de la Chine», avait déclaré la démocrate en mars dernier. Quant à Charles Schumer, il avait tenu à féliciter publiquement le président Trump lorsqu'il avait annoncé une surtaxe sur les importations en provenance de Chine. «La Chine floue les Etats-Unis, avait-il martelé. Non seulement elle vole la propriété intellectuelle de nos entreprises, mais elle empêche aussi nos investisseurs de s’installer sur le marché chinois.»
Dominique Jolly, professeur à la Webster University à Genève et grand connaisseur de la Chine, dit comprendre le consensus américain. «Le déficit commercial des Etats-Unis envers la Chine – près de 400 milliards de dollars par année – constitue un grand problème, dit-il. On peut ne pas approuver la méthode de Trump, mais il est le président qui a réagi face à un problème qui dure depuis des années.» Selon lui, quelle que soit leur couleur politique, les Américains exigent la réciprocité avec la Chine.
Face à un Congrès uni, la Chine, dont l’économie connaît un ralentissement lié à la guerre commerciale, n’a pas d’autre choix que de faire des concessions, sans pour autant perdre la face.
«L’offensive américaine n’est pas restée sans résultats, poursuit Dominique Jolly. Pékin vient de faire une grande concession aux banques étrangères; désormais, elles peuvent détenir 51% du capital de leur filiale locale, contre 20% auparavant.»
Le Global Times, journal en ligne et porte-voix de Pékin, vient de l’admettre: «Les élections de mi-mandat ne modifieront pas les relations entre la Chine et les Etats-Unis et la défaite des républicains à la Chambre des représentants n’aura aucun impact sur la stratégie américaine vis-à-vis de la Chine.»
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Pour Howard Yu, les dirigeants chinois cherchent une solution négociée avec les Etats-Unis. «Il faut prendre au sérieux la récente déclaration du président Trump à propos de sa rencontre avec son homologue chinois, Xi Jinping, lors du sommet du G20 à la fin du mois à Buenos Aires, affirme-il. Face à un Congrès uni, la Chine, dont l’économie connaît un ralentissement lié à la guerre commerciale, n’a pas d’autre choix que de faire des concessions, sans pour autant perdre la face.»