Le petit coup de froid, tout relatif d’ailleurs, qu’a connu l’industrie du luxe n’aura duré que trois mois. Soit durant le premier trimestre de cette année. En dépit du ralentissement en Chine, le secteur a rebondi dès le deuxième trimestre, comme en attestent les résultats des géants mondiaux du secteur. Dernier en date, le groupe Hugo Boss a lui aussi fait part mercredi d’un redressement de ses ventes. Elles ont crû de 10% entre avril et fin juin, à 531,7 millions d’euros, contre un recul sur les trois premiers mois de l’année. Fort de ce résultat, le groupe allemand de prêt-à-porter a maintenu ses prévisions annuelles, soit une croissance à un chiffre de ses ventes, mais proche de 10%.
Le secteur n’en est pas pour autant gagné par l’euphorie, alors que le rythme de croissance des ventes et des bénéfices a nettement ralenti par rapport aux performances de ces quatre dernières années. D’ailleurs, Claus-Dietrich Lahrs, patron d’Hugo Boss, a mis en garde. L’environnement «n’est pas devenu plus facile, dans aucun de nos marchés». Il n’empêche, son groupe a réalisé des performances meilleures qu’attendu par le marché.
Sur l’ensemble du semestre, tous les poids lourds de la branche ont dépassé une croissance de 5% de leur chiffre d’affaires. Dans l’ordre croissant, le pôle luxe du groupe français Kering (ex-PPR) a affiché une progression de 5,3%. Pour la première fois de son histoire, ses marques, comme Gucci, Bottega Veneta ou encore Yves Saint Laurent, ont dépassé le cap de 3 milliards d’euros. Le numéro un mondial LVMH a affiché au compteur une progression de 6%, à 13,7 milliards d’euros. Luxottica a accru son chiffre d’affaires de 7,6%, à 3,88 milliards d’euros. Le leader mondial des lunettes haut de gamme et de soleil a même connu une progression de 9,4% au deuxième trimestre. Sur six mois, Swatch Group, également actif dans l’entrée et le milieu de gamme, a annoncé une hausse de ses ventes de 8,7%. Hermès a lui réalisé une progression de 11%, à 1,76 milliard d’euros.
Attentes positives
Sur cette base semestrielle, les estimations pour l’ensemble de l’année du cabinet Bain & Company pourraient s’avérer trop frileuses. Ce printemps, le spécialiste du luxe s’attendait à une croissance des ventes de l’ordre de 4 à 5% à taux de change constants. Un fléchissement par rapport aux années antérieures qui était justifié par l’effet conjugué d’un tassement des flux touristiques en Europe et d’une moindre progression des ventes en Chine. Si le moteur asiatique, en particulier, se grippe et de manière générale celui des pays émergents, cela n’empêche pas les groupes d’aborder la deuxième partie de l’année avec une certaine sérénité. Hermès, LVMH ou Kering attendent tous un second semestre de bonne facture. Swatch Group a même parlé d’un deuxième semestre fort. Nick Hayek juge possible une croissance de 5 à 10% des exportations horlogères sur l’ensemble de l’année. Auparavant, le patron du numéro un mondial de l’horlogerie parlait de 5 à 7%.
Peut-être que Bain & Co devra lui aussi revoir à la hausse ses projections ces prochains mois. Ce qui n’enlève cependant rien aux défis à venir. «Nous entrons dans une nouvelle phase dans l’évolution du marché du luxe», selon Claudia D’Arpizio, de Bain & Co. «Plus de marchés, plus de segments, et davantage de diversité de goûts se combinent pour créer encore plus de variables à résoudre dans l’avenir.» Dans l’immédiat, le principal problème sera de résoudre le reflux de la demande chinoise lié aux mesures anti-corruption édictées par Pékin.