Après de premières enquêtes, la FINMA et son pendant britannique, la FSA, ouvrent chacune une procédure formelle à l’encontre d’UBS dans le cadre des transactions non autorisées de son courtier londonien Kweku Adoboli. Elles veulent examiner les mécanismes de contrôle du numéro un bancaire suisse.

Après l’annonce des transactions non autorisées du courtier en septembre 2011, l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) et la Financial Services Authority (FSA) avaient entamé conjointement une enquête indépendante, rappelle vendredi dans un communiqué le gendarme helvétique des marchés financiers. A la suite de ces investigations, ce dernier ouvre une procédure formelle dite d’«enforcement» à l’encontre d’UBS.

La procédure doit évaluer et apprécier le caractère adéquat des mécanismes de contrôle qui étaient en place pour éviter et détecter les transactions non autorisées au sein de la banque d’investissement d’UBS, a précisé la FINMA. Elle porte également sur la conformité de ces mesures avec la loi sur les banques (LB), la loi sur les bourses et le commerce de valeurs mobilières (LBVM).

Réagissant à l’ouverture «attendue et normale» de cette procédure formelle, UBS a indiqué pour sa part vouloir continuer à coopérer pleinement avec les régulateurs. Le numéro un bancaire helvétique précise que, suite à la découverte des transactions non autorisées du courtier basé à Londres, sa direction a enquêté sur l’incident et mis en œuvre des mesures visant à protéger l’établissement de tels agissements.

Dans son communiqué, la FINMA précise ne pas avoir l’intention de livrer des informations complémentaires avant l’issue de la procédure.

Détention jusqu’au procès

La justice britannique a, par ailleurs, refusé vendredi de remettre en liberté sous caution l’ancien trader d’UBS. Celui-ci demeurera en détention jusqu’à son procès, dont l’ouverture préliminaire a été fixée au 3 septembre.

En détention depuis septembre dernier, le trader risque jusqu’à dix ans de prison s’il est reconnu coupable. Lundi, devant la Cour de justice de Southwark, à Londres, il a rejeté les charges de fraude et faute comptable retenues à son encontre.

Le jour de l’arrestation du trader le 15 septembre, UBS avait fait état d’une perte de 2,3 milliards de dollars (plus de 2 milliards de francs) à la suite d’«opérations non autorisées». La banque avait ensuite revu ce chiffre à la baisse à 1,8 milliard de francs.

Cette affaire a conduit à la démission du directeur général Oswald Grübel et au départ des responsables de la division à l’origine de l’incident. Oswald Grübel a été remplacé depuis par le Tessinois Sergio Ermotti.

Agé de 31 ans, le courtier d’origine ghanéenne, fils d’un ancien fonctionnaire des Nations unies à la retraite, travaillait sur des produits financiers complexes chez UBS à Londres. Il avait effectué un parcours sans faute au sein de l’établissement, où il était entré en 2006 et travaillait au département des ETF («Exchange Traded Funds», montages financiers adossés à l’évolution d’un indice boursier) au sein de la division banque d’investissement.

Début en 2008

Le directeur général d’UBS, Sergio Ermotti, avait indiqué en novembre que la banque s’engageait à «faire la lumière sur les causes» de la perte colossale, qu’elle n’avait pas été en mesure de détecter. Le trader est inculpé pour des agissements qui ont commencé en 2008 et auraient perduré jusqu’à la veille de son arrestation.

Lors de la comparution du courtier le 20 décembre 2011, le juge avait accepté de reporter l’affaire, à la demande de la défense qui souhaitait davantage de temps pour examiner des documents. Le trader a fait appel à un cabinet spécialisé dans les cas de fraude pour sa défense.