A Santa Ana, en Californie, s'est jouée mardi la dernière manche du procès qui oppose Kudelski à NDS. Une affaire dans laquelle EchoStar, bouquet satellite client de Kudelski, accuse la société NDS d'avoir embauché des pirates pour casser les protections de ses cartes d'accès.

Pour cette dernière journée de témoignages, deux figures essentielles ont - finalement - été présentes. On se souvient que depuis le début de ce procès entamé début avril, tant Abe Peled, directeur de NDS Group, qu'André Kudelski s'étaient fait désirer. Le patron de Kudelski avait en effet affirmé qu'il ne viendrait à la barre que si Abe Peled était prêt, lui aussi, à témoigner. Ce dernier s'était brièvement rendu à la cour de Santa Ana jeudi pour enregistrer sa déposition avant de s'envoler précipitamment vers Londres. Sévèrement rappelé à l'ordre par le juge, Abe Peled a dû revenir devant la Cour pour témoigner en personne.

Après un long défilé de hackers et d'experts appelés comme témoins, les deux CEO se sont donc présentés au juge David Carter mardi matin. Leurs témoignages tant attendus n'ont pas permis de lever le voile sur l'affaire.

L'impression retenue est que ces sociétés évoluent dans une zone grise où se confondent parfois le légitime et l'illégitime. Dans le but de contrôler ou de limiter les pertes dues à la pirateries, les deux sociétés se sont constitué des réseaux d'informateurs dans la communauté des hackers. C'est d'ailleurs là l'argument utilisé par la défense, qui, tout au long du procès, a tenté de convaincre la Cour que Kudelski avait eu recours peu ou prou aux mêmes méthodes. «Etudier les produits des concurrents n'est pas forcément mauvais si cela se fait dans les règles», a même admis André Kudelski devant le jury.

Si le groupe vaudois s'est bel et bien hasardé sur ce terrain glissant, rien ne permet d'affirmer qu'il s'est rendu coupable, comme l'est accusée NDS, d'avoir utilisé ces méthodes pour nuire à son concurrent. En ce sens, l'attitude de Kudelski se distance de NDS.

Des éléments concordants

A la barre, l'application d'André Kudelski à s'adresser directement aux jurés dans un anglais parfois emprunté et sa nervosité lors du contre-interrogatoire ont aussi contrasté avec l'attitude d'Abe Peled. Ce dernier, un homme rondouillard aux allures de père de famille, a fait montre d'une parfaite maîtrise. La voix contenue, avec une grande courtoisie et malgré des réponses parfois évasives, Abe Peled a su rattraper la mauvaise impression laissée par son départ précipité de la semaine dernière. Reste que, malgré les témoignages des deux PDG, ce procès laisse un sentiment d'inachevé. La légitimité de la demande de dédommagement formulée par Echostar n'a pas pu être démontrée avec certitude. De même, la culpabilité de NDS, bien que soulignée par nombre d'éléments concordants, n'a pas pu être formellement prouvée.

Pour sa défense, NDS est parvenue, dans une ultime pirouette, à remettre la responsabilité du piratage et de la publication des codes d'accès d'Echostar sur un groupe de pirates canadiens - qui ont l'heur d'échapper à la juridiction américaine. Les éléments concordants et la crédibilité douteuse de certains témoins de la défense seront-ils suffisants pour condamner NDS? C'est là l'une des dernières inconnues. Comme la date du verdict qui, à ce jour où les parties ont attaqué leurs dernières plaidoiries, n'est pas encore fixée.