Il s'agit d'un nouveau record. Les entreprises se sont à nouveau montrées généreuses envers leurs actionnaires en leur reversant 1560 milliards de dollars de dividendes en 2022, rapporte une étude publiée mercredi.

Le montant total des dividendes reversés est en hausse de 8,4% par rapport à 2021, année du précédent record grâce au rebond de l'activité économique mondiale après la crise sanitaire, selon un rapport du gestionnaire d'actifs Janus Henderson.

Le rapport en 2021: Un nouveau record des dividendes reversés dans le monde au premier trimestre 2022

Pétrogaziers, banques et secteur du transport maritime en tête

Les producteurs de pétrole et de gaz ainsi que les sociétés financières ont représenté la moitié de cette croissance, selon l'indice Global Dividend qui recense les 1200 plus grosses capitalisations boursières. En raison de la flambée des prix de l'énergie qui a gonflé leurs bénéfices, ils ont «augmenté leurs distributions de plus de 66%, sous forme de dividendes ordinaires ou extraordinaires», précise le gestionnaire d'actifs.

A ce sujet: Le prix de l'essence n'en finit pas de flamber

Les banques ont elles continué de bénéficier de la réautorisation des dividendes, après leur gel par la Banque centrale européenne au début de la pandémie: elles ont contribué pour un quart à la hausse globale.

Le secteur du transport maritime a profité de la hausse du fret, notamment pour le danois Maersk, celui de l'automobile de la hausse du prix des voitures et le luxe de l'augmentation continue de la demande.

Ces deux derniers secteurs sont le «moteur» de la croissance des dividendes en Europe bien que les «versements spéciaux» des énergéticiens français TotalEnergies et norvégien Equinor y aient «également contribué de manière significative».

BHP sur la première marche du podium

En 2021, les sociétés minières avaient été à l'honneur, avec quatre entreprises dans le top 10 des entités ayant reversé le plus de dividendes. L'année 2022 a vu le prix des matières premières baisser légèrement, faisant diminuer leurs dividendes. Mais l'entreprise minière anglo-australienne BHP reste sur la première marche du podium tandis que son homologue Rio Tinto se maintient à la 7e place.

Le podium 2022 est complété par la compagnie pétrolière d'Etat brésilienne Petrobras et le géant de l'informatique américain Microsoft. Viennent ensuite Apple, la banque China Construction, China Mobile, JPMorgan Chase et Johnson & Johnson.

Une croissance américaine «inférieure au reste du monde»

Douze pays ont enregistré des records de dividendes libellés en dollars, les Etats-Unis, le Canada, le Brésil, la Chine, l'Inde ainsi que Taïwan, et plusieurs autres dans leur monnaie, la France, l'Allemagne, le Japon et l'Australie.

Si les marchés émergents ont enregistré une progression «d'environ un cinquième», les marchés plus traditionnels comme les Etats-Unis ont observé une croissance relativement «inférieure au reste du monde». Les dividendes avaient bien résisté durant la pandémie dans le pays, qui est aussi moins exposé aux secteurs ayant explosé cette année. Sept des entreprises du top 10 de Janus Henderson restent américaines.

Deux secteurs ont fortement contribué à la croissance des dividendes américains: l'énergie (avec un versement exceptionnel important pour Pioneer Natural Resources et d'importants dividendes pour Chevron et Exxon) et les sociétés financières (avec Wells Fargo, Morgan Stanley et Blackstone notamment).

Lire encore: Pourquoi la Suisse est championne du dividende

En France, pays qui a le plus contribué à la croissance des dividendes en Europe avec 59,8 milliards d'euros (+4,6%), TotalEnergies et LVMH ont été les plus gros payeurs de dividendes.

Une année 2023 prometteuse

Selon Janus Henderson, 88% des entreprises ont augmenté ou maintenu leurs dividendes en 2022. «En ce qui concerne l'année à venir, les perspectives de dividendes sont plus incertaines», affirme Jane Shoemake, gérante de portefeuilles, citée dans le communiqué.

Le gestionnaire d'actifs table tout de même sur un nouveau record de 1600 milliards de dollars de dividendes distribués, ceux-ci étant «moins volatils que les bénéfices», soit une croissance moins rapide qu'en 2022 (+2,3%). «L'inflation, l'ampleur des nouvelles hausses de taux et les risques géopolitiques assombrissent l'horizon», ajoute Jane Shoemake.

Les bénéfices énormes des entreprises et les dividendes reversés en 2022, alors que l'économie mondiale vacille et que l'inflation asphyxie le pouvoir d'achat, ont ravivé le débat sur la taxation des «superprofits» exceptionnels mais aussi du partage de la valeur avec les salariés.

Lire aussi: Les géants du pétrole engrangent des milliards: faut-il taxer les superprofits?