Doha: Un accord est sur la table, mais l'Iran est absente
Pétrole
La tension monte. Après l'ultimatum lancé par l'Arabie Saoudite aux autres producteurs, et la déclaration de l'Iran de ne se déplacer à Doha, un projet d'accord prévoit un gel de la production au niveau de janvier. Par ailleurs, l'Arabie menace de vendre des centaines de milliards de titres américains

Après la hausse de 30% des cours du pétrole, et la reprise qu'elle a permise sur les marchés financiers, les yeux sont rivés sur la réunion des principaux exportateurs de pétrole à Doha, dimanche. Un projet d'accord est maintenant sur la table, selon Reuters. Mais l'Iran ne se déplace pas. Que vaudrait pareil accord?
Les observateurs s'attendaient à un compromis permettant la poursuite de la phase de stabilisation des cours, même si le doute persistait sur la mise en oeuvre ultérieure de ce dernier.
La rivalité entre l'Arabie Saoudite et l'Iran a toutefois jeté un froid samedi sur l'espoir d'un accord.
Saudi, Iranian rivalry imperils Doha oil deal https://t.co/F2Tyv9kUTJ
— Wall Street Journal (@WSJ) April 16, 2016
Le Prince Mohammed bin Salman d'Arabie Saoudite a en effet déclaré dans une interview que son pays ne réduira pas sa production si d'autres acteurs majeurs, dont l'Iran, ne gelaient pas la leur: «Si les principaux producteurs ne gèlent pas leur production, nous ne gèlerons pas la nôtre. Et si nous la gelons pas, nous vendrons dès que l'opportunité se présentera», a-t-il déclaré, selon Bloomberg. Le Prince a ajouté que son pays n'avait pas besoin d'un cours élevé. Il a toutefois conclu sur une note positive: «Si l'Opep parvient à un accord, il le soutiendra», d'après l'agence.
L'Iran ne se déplace pas
L'Iran se désintéresse-t-elle de Doha? Le vice-ministre iranien du pétrole a déclaré qu'il ne voyait pas l'utilité de se déplacer à Doha, puisqu'il fallait que son pays retrouve le niveau de production d'avant les sanctions contre l'Iran. Selon les estimations, l'Iran aurait accru sa production de 600 000 barils par jour en un mois.
Dimanche matin, un projet est tout de même sur la table des négociateurs, à Doha. Selon l'ATS, il prévoit que la production quotidienne moyenne chaque mois ne dépasse pas le niveau de janvier dernier. Ce gel resterait en vigueur jusqu'au 1er octobre. Puis les producteurs se réuniraient à nouveau en octobre en Russie pour évaluer les progrès accomplis dans la mise en oeuvre d'un «redressement progressif du marché pétrolier», est-il écrit dans le document dont Reuters a obtenu une copie.
Doha oil producers close to agreeing output freeze: sources https://t.co/Tmm9TQg3as
— Jairo Rodriguez (@RealtorJairo) April 17, 2016
Ce projet n'est pas encore définitivement entériné mais plusieurs sources de haut niveau dans des ministères du Pétrole de pays participants ont exprimé leur optimisme quant à la conclusion d'un accord.
Selon le Wall Street Journal, la question sera de savoir si l'éventuel accord suffirait à calmer les marchés. Le ministre équatorien du pétrole a déclaré qu'il serait valable même sans l'Iran et que d'autres pays pourraient s'y joindre ultérieurement.
La réunion, qui rassemble environ la moitié de la production de pétrole, a débuté ce dimanche, mais sa durée est incertaine.
L'Arabie Saoudite menace les Etats-Unis
Les conflits ne concernent pas seulement l'Arabie Saoudite à l'Iran, mais aussi l'Arabie Saoudite aux Etats-Unis. Ryad a en effet averti l'administration Obama et divers membres du Congrès qu'elle vendrait des «centaines de milliards de dollars de titres américains si le Congrès adoptait un projet de loi qui permettrait de rendre responsable le gouvernement du Royaume arabe devant les tribunaux américains de leur éventuel rôle lors des attaques du 11 septembre 2001», écrit le New York Times.
D'après le quotidien américain, l'administration Obama a tenté de faire pression pour bloquer le projet au Congrès.
Le montant de 750 milliards de dollars d'obligations du Trésor a été évoqué. Divers économistes doutent de la mise en oeuvre d'un tel programme de vente. L'Arabie Saoudite en souffrirait elle-même.
Saudis pull an old US #diplomatic #rabbit out of the hat: #economic threats. https://t.co/0cnwoGgcQy
— Prof. Steve Hanke (@steve_hanke) April 16, 2016
Le président Obama se rendra mercredi au Royaume Uni. Il n'est pas certain, selon le New York Times, que le projet de loi soit au menu des discussions. L'avertissement signale en tous les cas une augmentation des tensions entre les deux pays.
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