Le dollar est brièvement tombé lundi à son plus bas niveau en quinze ans face au yen, à 80,21 yens, les investisseurs continuant de vendre des billets verts en attendant un possible assouplissement monétaire de la banque centrale américaine, dont le Comité de politique monétaire de la Fed se réunit mardi et mercredi à Washington.

Après avoir chuté dans la matinée à la Bourse de Wellington(fin de soirée dimanche), à ce niveau inconnu depuis avril 1995, le dollar est ensuite brusquement remonté, au-delà de 81 yens, avant de baisser à nouveau. Il cotait 80,65 yens à 11 heures 20 à Tokyo.

En raison de la hausse du yen et en prévision de la réunion de la Fed, L’indice Nikkei de la bourse de Tokyo a terminé la séance de lundi en repli de 0,52%, après avoir oscillé faiblement à la hausse et à la baisse.

Le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, s’est dit dimanche préoccupé par les interventions unilatérales sur les cours des devises, dans un contexte de tensions monétaires entre la Chine et les Etats-Unis. La hausse du yen est directement provoquée par la pression à la baisse sur le dollar, qui provoque également une baisse du yuan face à la devise japonaise en raison du taux de change fixe entre les monnaies américaine et chinoise.

Interrogé par le quotidien Welt am Sonntag sur le risque d’une guerre monétaire, le Français a indiqué: «je ne parlerais pas de guerre mais de plutôt de tensions ou de frictions. Les interventions non coordonnées sur les cours de changes me préoccupent».

Cette situation fait craindre une course à ce que les économistes appellent les dévaluations compétitives, comme au début des années 1930 lorsque la Grande-Bretagne avait enclenché un tel mouvement au niveau mondial.

«Nous avons tous peur de cela», a dit M. Lamy. Mais, a-t-il souligné, «il y a deux ans, après l’effondrement de Lehman Brothers, presque tout le monde a cru que ce genre de protectionnisme arriverait. Jusqu’à maintenant, cela ne s’est pas produit malgré le grand choc».