La guerre commerciale entre les Etats-Unis et le reste du monde n’aura pas lieu. Le président américain, Donald Trump, qui avait, il y a dix jours, annoncé une surtaxe de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium à l’importation pour «tous les pays» et «pour une longue période», a changé d’avis. En signant le décret présidentiel jeudi soir, il a provisoirement exempté le Canada et le Mexique de ses sanctions. De plus, il a laissé les portes ouvertes à tous les autres exportateurs pour obtenir les mêmes concessions. «Il a agi en diplomate et de façon équilibrée, maniant le bâton et la carotte, analyse Patrice Gautry, chef économiste de l’Union Bancaire Privée à Genève. Il a choqué pour provoquer des négociations qui, espère-t-il, seront à son avantage.»

Lire aussi: Aucun pays ne sera exempté des taxes américaines sur l’acier et l’aluminium

Désormais, il appartient aux exportateurs d’acier et d’aluminium de quémander la faveur de l’administration américaine. Le Canada, premier fournisseur d’acier aux Etats-Unis, avec une part de 16,7%, a déjà fait savoir qu’il voudrait une exemption permanente. Le premier ministre japonais, Abe Shinzo, un proche de Donald Trump, a déjà expédié deux délégations de haut niveau à Washington pour défendre l’acier nippon. Idem pour la Corée du Sud, troisième exportateur vers le marché américain (9,7%), qui met en avant sa fidélité envers les Etats-Unis en matière de défense. 

 «UE, proche allié des Etats-Unis»

L’Australie et le Royaume-Uni sont également candidats déclarés à l’exemption. Pour sa part, l’Union européenne (UE), tout en finalisant une liste de produits américains qui feraient éventuellement l’objet de mesures de rétorsion, a aussi fait savoir qu’elle est prête à négocier une solution. La commissaire européenne Cecilia Malmström, chargée du Commerce, a même déclaré que «l’UE est un allié proche des Etats-Unis et, de ce fait, devrait être exempté des taxes douanières». Au sein de l’UE, c’est l’Allemagne qui est le plus grand exportateur d’acier au Etats-Unis. Sa part est de 3,7%. «Le mérite du président américain est d’avoir laissé les portes ouvertes à ses partenaires commerciaux», relève Patrice Gautry.

Selon le chef économiste de l’UBP, Donald Trump a a tenu compte des réactions négatives exprimées tant à l’intérieur des Etats-Unis, y compris parmi les républicains et les chefs d’entreprise, qu’à l’extérieur pour raffiner sa position sur les sanctions. «Il a aussi tenu compte de l’évolution des marchés financiers durant la semaine écoulée et en a tiré les leçons», explique Patrice Gautry. Par ailleurs, selon lui, le président américain est en campagne électorale et il veut mettre à son compte la bonne performance de l’économie et des bourses. Jeudi soir, le président américain a lui-même dit qu’il tenait «une promesse faite pendant la campagne».

Forte opposition de Pékin

Et la Chine? Jeudi soir, le président américain a, à maintes reprises, pointé du doigt la Chine qui, selon lui, ne respecte pas les règles internationales. Pékin ne s’est pas montré conciliant et a exprimé la plus forte opposition aux sanctions américaines. Selon le quotidien en ligne et porte-voix de Pékin Global Times ce vendredi, le ministère chinois du Commerce a dénoncé une «attaque délibérée du système commercial multilatéral. Nous prendrons des mesures effectives pour sauvegarder nos droits et intérêts légitimes.»