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Le service de gestion d’agenda en ligne amorce une offensive mondiale. Rencontre avec Michael Brecht, aux commandes de la start-up suisse alémanique depuis février dernier

«Doodle vise une croissance supérieure à 30% par année»
Internet Le service de gestion d’agenda en ligne amorce une offensive mondiale
Rencontre avec le directeur de la start-up suisse,Michael Brecht
Doodle est l’un des rares phénomènes numériques «made in Switzerland». Fruit de la collaboration entre deux chercheurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, Michael Näf et Paul Sevinç, la plateforme de planification et de sondage en ligne inventée en 2003 amorce une offensive internationale d’envergure. La start-up ne livre pas son chiffre d’affaires. Mais dans un contexte relativement peu concurrentiel, elle a connu ces cinq dernières années une croissance de ses utilisateurs supérieure à 600%. Le Germano-Australien Michael Brecht est aux commandes depuis février dernier. Il a pour mission de multiplier par dix la popularité de son outil, bientôt propriété quasi exclusive du groupe de presse Tamedia. Entretien.
Le Temps: Combien de personnes utilisent Doodle?
Michael Brecht: A l’heure actuelle, nous enregistrons plus de 22 millions d’usagers par mois, que ce soit sur mobile, sur ordinateur ou sur notre version premium destinée aux entreprises. C’est environ un tiers de plus comparé à 2013.
– Votre taux de popularité varie-t-il selon les régions que vous couvrez?
– Nous mesurons notre audience par zone linguistique – Doodle est actuellement traduit en 17 langues –, plutôt que par pays. Soit cinq marchés prioritaires: le français, l’anglais, l’allemand, l’espagnol et le portugais. Nous observons par exemple une très forte progression de nos activités au Brésil, ainsi que dans d’autres régions d’Amérique latine et du Nord. Pour vous donner une idée, notre croissance aux Etats-Unis [six millions de clients anglophones et hispanophones] est à l’heure actuelle de 35% par an.
– Vos activités sont surtout portées par la clientèle anglo-saxonne.
– En effet, c’est aussi notre marché phare en termes d’offre payante, devant la clientèle francophone (environ six millions d’usagers).
– Pouvez-vous révéler votre taux de rentabilité et la valorisation de votre entreprise?
– Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous sommes hautement rentables… dans des proportions à deux chiffres. Avec des ventes annuelles de plusieurs millions de francs, comme c’est régulièrement le cas dans les nouvelles technologies. Toutefois, j’ignore sincèrement combien vaut Doodle aujourd’hui.
– Quels objectifs de croissance vous êtes-vous fixés avec votre nouveau propriétaire?
– Nous visons une progression annuelle supérieure à 30%. Mais mon intention est d’y parvenir le plus indépendamment possible, sous la tutelle mais sans intrusion de Tamedia.
– Comment se répartissent vos principales sources de revenus?
– Nous n’en avons que deux: la publicité, présente sur notre offre gratuite grand public et notre outil premium, version payante destinée aux professionnels avec des options plus avancées. La première comptant pour 75% de nos revenus, contre 25% pour la seconde. Mais cette dernière est appelée à croître plus rapidement, grâce à des fonctionnalités comme l’intégration d’autres calendriers, par exemple de smartphones, ou la possibilité de personnaliser notre interface en l’adaptant à l’environnement web de chaque entreprise.
– Est-il vrai que vous vous apprêtez à modifier votre modèle de développement?
– Pour comprendre notre stratégie actuelle, et l’impact économique qui en est attendu, il faut remonter à 2011, date à laquelle le groupe Tamedia a racheté 49% des parts de Doodle. Cette décision a entraîné une retraite opérationnelle des fondateurs de la start-up, qui ont rejoint notre conseil d’administration, libérant ainsi du temps pour réfléchir à d’autres projets d’innovation. D’ici à la fin de ce mois, Tamedia doit acquérir la quasi-totalité de l’entreprise. Ce changement capitalistique marque une volonté de croître agressivement à l’international. A travers une approche censée démarrer en 2015, pour s’accélérer progressivement au fil des mois. A moyen terme, nous envisageons de conquérir globalement quelque 200 millions d’utilisateurs.
– Par quel moyen comptez-vous atteindre cet objectif?
– La difficulté lorsque vous vous lancez à l’international, c’est de maintenir à jour la cohérence de votre gamme de produits. Toute modification de paramètre, comme par exemple l’ajout d’une fonction, doit être répercutée uniformément sur l’ensemble de votre portefeuille. Cela étant, je ne vois aucune raison de ne pas atteindre ce seuil de 200 millions d’usagers mensuels. Le défi consistera plutôt à répartir nos ventes de manière équilibrée, soit 50% pour la version gratuite et 50% pour celle premium. Ce que nous comptons faire en inaugurant une nouvelle politique marketing basée sur une approche personnalisée de marchés potentiels.