Dufry avait pris tout le monde à rebours, l’automne dernier. En rachetant 51% des activités de ventes de détail du groupe Folli Follie, l’exploitant bâlois de boutiques hors taxes investissait dans un pays sur lequel à peu près personne n’aurait alors misé un sou: la Grèce.
Mais avec ses 111 points de vente, ses 18 000 m2 de surfaces commerciales répartis dans 46 ports, aéroports et villes frontalières, le dénommé FF Group s’adresse surtout aux voyageurs. Les touristes ont été un peu plus de 15 millions à passer leurs vacances en Grèce, l’an dernier.
Ainsi, 9 mois plus tard, le pari de Dufry commence déjà à payer. Mercredi, le groupe bâlois a publié des chiffres semestriels quelque peu mitigés, de l’avis de différents analystes. Les résultats opérationnels se sont inscrits en dessous de leurs attentes. La vraie satisfaction, c’est le chiffre d’affaires de 1,67 milliard de francs. En hausse de 10% sur un an, il se trouve qu’il est soutenu par les ventes en Grèce.
Folli Follie, dont l’acquisition a été finalisée en avril, contribue à presque 28% de la croissance dans la région Europe-Moyen-Orient-Afrique (EMEA) et Asie. Grâce aussi à la France, la Suisse, l’Espagne, le Maroc, la Chine ou le Cambodge, les revenus «régionaux» ont augmenté de 34%, à 499 millions de francs.
L’aventure grecque n’est toutefois pas que rose. Sans elle, la marge (brute) de Dufry aurait augmenté de 80 points de base, par rapport au 1er semestre 2012. Mais celle-ci est restée inchangée Car la rentabilité des ventes en Grèce est inférieure à celle du groupe dans son ensemble.
«C’est typique de Dufry. Alors que sa taille lui confère un certain pouvoir de négociation pour ses approvisionnements, ce n’est pas le cas de ses acquisitions, et donc de Folli Follie. Pas encore…», décrypte René Weber. Pour l’analyste de Vontobel, c’est d’ailleurs l’une des principales synergies sur lesquelles le groupe doit travailler. Il s’attend à ce que la marge atteigne 60,5% en 2015. «Le processus d’intégration est notre première priorité», assure quant à lui Julian Diaz, le directeur général, dans un communiqué.
2014, l’année du Brésil?
A plus long terme, le pays devrait accroître sa contribution. L’autre atout reconnu de Folli Follie, c’est la durée de ses concessions dans les hauts lieux de passage. Ils sont scellés pour 35 ans, jusqu’en 2048. Et dans 10 ans déjà, la Grèce devrait accueillir 22,4 millions de touristes, selon le World Travel & Tourism Council.
Mais le futur proche, c’est le Brésil. Dufry a obtenu en février la licence pour vendre les produits dérivés de la Coupe du monde de la FIFA en 2014. Et le groupe va commencer à exploiter sa concession dans l’aéroport de São Paulo. «Il ne faut pas surestimer l’effet d’une Coupe du monde ou des Jeux olympiques (en 2016 ndlr), prévient toutefois René Weber. Cela ne dure qu’un mois et généralement, ces événements ont tendance à décourager les autres touristes.»