Shi Zhengrong redeviendra-t-il, comme il le fut brièvement en 2005, l’homme le plus riche de Chine? Sur le papier, l’avenir de ce milliardaire formé en Australie reste problématique. Fondateur du géant chinois de l’industrie solaire Suntech dont le quartier général se trouve à Wuxi, près de Shanghai, l’homme est encore assiégé par ses créanciers. Et pour cause: le dépôt de bilan de son groupe, le 4 mars 2013, a réduit en cendres plus de 500 millions de dollars d’obligations qui auraient dû être remboursées dix jours plus tard. Huit banques chinoises avaient alors porté plainte, accusant la direction de Suntech d’avoir dilapidé le trésor de l’entreprise en acquisitions trop risquées aux Etats-Unis. Introduite en bourse à Wall Street en 2005, elle fut valorisée un temps à plus de 13 milliards de dollars.
L’Europe en ligne de mire
La réalité, en revanche, est susceptible de réserver des surprises. Grâce à l’accord trouvé entre Pékin et Bruxelles, Suntech pourrait très vite reprendre sa vitesse de croisière industrielle, en misant sur l’essor constant des énergies renouvelables en Chine et sur la marginalisation des producteurs chinois moins importants, incapables de respecter le prix plancher accepté de part et d’autre. L’autre avantage de Suntech, estiment les analystes, est d’avoir récupéré au fil de ses acquisitions à l’étranger quantité de brevets lui permettant de «monter en gamme».
L’entreprise, enfin, peut compter sur le soutien du gouvernement, persuadé que la multinationale reste bien placée pour remporter des marchés internationaux. Suntech serait sur les rangs pour les appels d’offres attendus en Grèce, dans le cadre des investissements énergétiques soutenus par la Commission européenne. Plusieurs observateurs estiment d’ailleurs que la faillite était avant tout, pour Suntech, une façon de se protéger d’éventuelles enquêtes si le conflit commercial UE-Chine avait dégénéré.