Verdict pour la Suisse: 6,9%, soit un peu moins que la moyenne mondiale établie à 7,2%. Ce pourcentage préoccupe d’ailleurs les auteurs du rapport qui officient depuis 2018. Car contrairement à ce que l’on pourrait penser, il recule au niveau planétaire: il y a 5 ans, il atteignait encore 9,1%.
Un intérêt évident
Ces dernières années, l’économie circulaire s’est imposée comme une approche particulièrement intéressante pour l’Europe. Outre la nécessité de décarboner son mode de vie, la pandémie et la guerre en Ukraine ont mis en évidence sa dépendance industrielle et énergétique envers d’autres pôles économiques plus lointains. Or, le Vieux Continent peine à extraire le peu de matières premières dont il dispose encore, tout projet de mine ou de centrale électrique suscitant une levée de boucliers.
Malgré un taux de tri et de recyclage élevé dans les ménages, la Suisse fait donc figure de mauvaise élève dans le domaine. Son taux est par ailleurs inférieur à celui de sa voisine autrichienne, mesuré à 9,7%. Notre pays utilise chaque année 163 millions de tonnes de matières premières brutes, ce qui représente une moyenne de 19 tonnes par habitant. C’est 11 tonnes de plus que le niveau jugé soutenable au niveau planétaire.
En vrac et de manière non exhaustive, l’industrie manufacturière, la construction et l’agroalimentaire représentent à eux trois 73% de l’empreinte matérielle et 63% de l’empreinte carbone helvétiques, nous apprend le rapport. L’industrie produit un impact environnemental considérable: elle contribue à un peu plus de 40% de l’empreinte matérielle et de 36% de l’empreinte carbone.
Le secteur de la construction la seconde, consommant des quantités considérables de matériaux, d’énergie et d’eau. Enfin, le secteur agroalimentaire suisse génère 14% de l’empreinte matérielle totale et 13% de l’empreinte carbone. Sont principalement en cause les aliments transformés, la viande et les cultures destinées à la consommation animale et humaine.
Objectif: 12,1%
Ceux qui aiment voir le verre à moitié plein retiendront que le potentiel et la marge de progression sont énormes. Poussées aussi bien par les circonstances climatiques et géopolitiques que par un intérêt économique, de plus en plus d’entreprises lorgnent cette nouvelle approche. Dans l’Arc lémanique, des moyens cantonaux ont même été débloqués pour aider les PME à mettre le pied à l’étrier.
Grâce à sa capacité d’innovation, la Suisse dispose en outre de multiples cordes à son arc pour accélérer sa «circularité». Selon les auteurs du rapport, elle pourrait donc rapidement passer à un taux de 12,1%. Il ne s’agit pas seulement de recycler davantage, mais aussi d’améliorer l’efficience énergétique de bâtiments anciens – qui pèsent sur l’empreinte carbone nationale –, ou de repenser la mobilité.
Le mouvement semble en marche dans certains secteurs. En Suisse, des voix appellent à aller un cran plus loin, soit à modifier certains textes de loi pour, par exemple, forcer les fabricants de téléphones et autres produits électroniques à assurer la réparabilité des appareils. Un pas que l’Union européenne a franchi la semaine dernière.