Prévisions
L’organisation faîtière s’attend à une hausse du pouvoir d’achat, sous l’effet d’une hausse des salaires de 1%, alors que les prix, en baisse de 0,1% en 2013, n’augmenteront que de 0,3% en 2014. L’euro s’échangerait à 1,23 franc en 2014
Quand les variations saisonnières s’estomperont au printemps prochain, le taux de chômage devrait passer sous la barre des 3%. Il s’établira alors à 2,9%, après avoir atteint 3,2% en 2013, a déclaré lundi à la presse Rudolf Minsch, chef économiste et directeur d’economiesuisse. L’organisation faîtière est le premier institut à anticiper un taux de chômage inférieur à 3% en 2014, puisque BAK Basel et le KOF s’attendent à 3,1%. Les économistes les plus pessimistes sont ceux de l’OCDE avec 4,4%. Rudolf Minsch estime que le taux de chômage incompressible est aux alentours de 2,5% en Suisse.
La Suisse n’aura donc pas subi la «désindustrialisation» crainte par divers observateurs dans le sillage du franc fort. L’industrie d’exportation a dû se battre pour se maintenir en vie et assurer ses commandes, mais progressivement, elle s’est adaptée et les marges ont été restaurées, selon l’économiste.
Rudolf Minsch, qui prévoit un euro à 1,23 franc en 2014, comme c’est le cas depuis cet été, ajoute que la surévaluation du franc «est une situation normale pour un pays d’exportation». Le débat porte toutefois sur la «juste valeur» du franc. Economiesuisse l’estime à 1,30 franc contre l’euro (sur une base dite de parité du pouvoir d’achat). Mais sous l’angle du consommateur (indice Big Mac ou OCDE), l’euro devrait s’échanger entre 1,73 et 1,79 franc. La surévaluation du franc est donc comprise entre 5 et 45% selon les perspectives. Certains accusent la Suisse de pratiquer un «dumping monétaire» en faveur des exportateurs suisses, en maintenant son taux plancher, mais compte tenu des écarts d’inflation, la BNS peut maintenir son taux plancher encore quelque temps, selon economiesuisse.
Les perspectives avancées par economiesuisse sont réjouissantes en tout point: en 2014, les Suisses profiteront, par exemple, d’une sensible hausse du pouvoir d’achat, selon son économiste. Les salaires devraient augmenter de 1% en moyenne dans l’économie privée. Le sondage de l’organisation faîtière auprès de ses membres a révélé que certaines entreprises ne pouvaient pas relever les salaires, mais d’autres les augmenteront de 1,5%. Il en résulte une hausse du pouvoir d’achat puisque les prix baissent de 0,1% en 2013 et n’augmenteront que de 0,3% l’année prochaine. En outre, le soutien de la demande intérieure viendra d’une immigration de même ampleur que ces dernières années, et de taux d’intérêt pratiquement nuls.
La Suisse demeure une économie ouverte très sensible à ses principaux marchés d’exportations. Or la situation s’améliorera sur la plupart d’entre eux. La zone euro passera d’une contraction de 0,5% à une modeste progression de 0,7%. Et les Etats-Unis assisteront à une vive accélération du PIB, en hausse de 2,8% en 2014 contre 1,7% en 2013.
L’économie suisse profitera d’une dynamique favorable, aussi bien de la part de l’industrie d’exportation (+4,4%) que de la consommation privée (+2,1%) et de l’investissement des entreprises (+2%), si bien que le PIB augmentera de 2,2% (contre 2,0% en 2013).
Le plus grand risque pour la Suisse viendra de la nécessaire sortie d’une politique monétaire extraordinairement accommodante. «Personne ne sait si cette expérience inédite pourra s’achever sans coûts économiques majeurs», avance Rudolf Minsch, citant aussi bien des perturbations sur les changes qu’un krach boursier et une forte hausse des taux d’intérêt. Outre l’incertitude monétaire, l’autre principal risque est également extérieur à la Suisse. Il concerne la zone euro, notamment la France et l’Italie, lesquelles représentent 15% de nos exportations.
Le plus grand risque viendra de la nécessaire sortie d’une politique monétaire accommodante