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Edipresse renforce l'ancrage régional de «24 heures» et de la «Tribune de Genève»

Face à la stagnation des recettes publicitaires et au renforcement de la concurrence, «24 heures» et la «Tribune de Genève» s'apprêtent à subir des liftings conséquents. La finalisation de leurs projets respectifs repousse l'idée avancée par l'éditeur des deux titres, Edipresse, d'un pôle supra-régional commun. Ce regroupement n'est pas totalement écarté

«La presse régionale est sous pression.» Le constat émane de Tibère Adler, directeur général d'Edipresse Suisse (actionnaire du Temps). Il porte sur les chantiers engagés par deux des principaux quotidiens romands. A quelques mois d'intervalle, 24 heures (détenu à 100% par Edipresse) et la Tribune de Genève (100%) s'apprêtent à inaugurer leur nouvelle formule avec l'objectif commun de renforcer leur ancrage local. Face à un gâteau publicitaire en stagnation et une augmentation grandissante de la concurrence (médias électroniques et gratuits comme Le Régional dont le tirage passe de 30 000 à 90 000 exemplaires dans le Lavaux), les deux titres entendent fidéliser, voire élargir leur lectorat. En point de mire, un pouvoir de séduction renforcé auprès des annonceurs, véritables vaches à lait de la presse suisse puisqu'ils assurent à eux seuls deux tiers des revenus des journaux.

Inspiré entre autres du fonctionnement d'Ouest-France, 24 heures a dévoilé en fin de semaine les lignes de force de son «grand journal». Plus de 150 personnes s'activeront dès le mois de mars dans cinq rédactions (une centrale et quatre régionales). Elles travailleront à un journal composé d'un premier cahier commun à vocation généraliste (séquences monde, Suisse, économie, Vaud) et d'une seconde partie à l'accent régional. Au final, les kiosques du canton offriront selon leur localisation quatre éditions baptisées 24 heures Nord vaudois/ Broye, 24 heures Riviera Chablais, 24 heures La Côte et 24 heures Lausanne. Signal fort de ce nouveau découpage, une rédaction lausannoise ouvrira au cœur de la ville.

«Tout est parti de l'achat du groupe Corbaz (ndlr: éditeur de La Presse Riviera Chablais et de La Presse Nord Vaudois en mai 2002). De là, nous avons repensé notre stratégie médias dans le canton de Vaud. Nous avons voulu jouer sur une plus grande proximité», rapporte Pierre Buntschu, directeur des publications vaudoises chez Edipresse. L'association des forces vise un tirage évalué à 100 000 exemplaires. Un chiffre synonyme de survie pour les titres concernés. «On intéresse les annonceurs nationaux à partir de 50 000 exemplaires. Nous prenions un risque en maintenant dans sa forme actuelle La Presse Nord Vaudois qui tire à 13 000 exemplaires», estime-t-il. Le projet ne résulte pas de la recherche d'économies, il implique au contraire des investissements tenus secrets par Edipresse. Signe d'une ambition marquée.

«Il s'agit pour nous clairement d'une concurrence directe», analyse Gilles Vallat, rédacteur en chef de La Côte (propriété du groupe français Hersant) qui vient de doubler ses effectifs à Morges. D'autant que l'adversité pour le quotidien nyonnais ne se limite pas à l'effort mené par un 24 heures élargi, la Tribune de Genève arrivant à la mi-octobre avec une nouvelle formule. «Nous entendons mieux adapter notre offre aux besoins du lecteur», résume Dominique Von Burg, rédacteur en chef du quotidien genevois. Renforçant son positionnement local (deuxième cahier), la Julie proposera un premier cahier repensé. Le balisage des séquences monde, suisse et économie éclatera pour faire place à une approche nouvelle. Ce qui impliquera un changement dans la manière de travailler des rubriques concernées.

«Travailler autrement»

«Sans être prétentieux, j'ai l'impression que nous nous apprêtons à faire les changements les plus radicaux», observe son principal instigateur. Le projet repose sur une page contenant des brèves, puis des informations plus développées. «Depuis quarante ans, la structure de base des journaux est restée la même. Seulement, aujourd'hui à 7 h 30 le matin, le lecteur sait tout sauf ce qu'on peut lui amener d'original. Cela nous pousse à travailler autrement, à apporter plus d'analyses et d'explications.»

La naissance de ces formules repousse-t-elle l'idée souvent évoquée chez Edipresse d'un pôle supra-régional commun entre les deux titres? «Le projet est gelé», répond Jacques Poget, rédacteur en chef de 24 heures et fervent défenseur de l'idée. «On verra sur le long terme», confie Tibère Adler. Le directeur d'Edipresse Suisse s'avoue pour l'heure plutôt satisfait du portefeuille du groupe. Entre le populaire Le Matin (détenu à 100% par Edipresse) et le transcantonal Le Temps, le renforcement régional répond à l'arrivée de Hersant en Suisse romande.