L’économie, en Suisse et dans le monde, sera mise à l’épreuve sur tous les fronts au cours de cette année: emploi, industrie, finance, régulation et climat. Des défis herculéens, au vu des risques conjoncturels et politiques qui se profilent. La rubrique économique du «Temps» en a identifié douze, pour lesquels elle se risque au jeu des pronostics.

L’année 2020 sera celle du pétrole, du gaz et du charbon. Les trois représentent actuellement 80% des sources d’énergies globales, alors que le renouvelable, le nucléaire et la biomasse se contentent des 20% restants, selon l’Agence internationale de l’énergie (EIA), dans son World Energy Outlook 2019 (WEO) publié en novembre. Parmi les trois, c’est le pétrole qui est le plus prisé.

Basée à Paris, l’EIA est reconnue mondialement pour la publication de ce rapport. Fondée en 1974 au sein de l’OCDE, elle recense trente pays membres, dont la Suisse.

L’organisation émet plusieurs scénarios pour les années à venir: le plus positif vis-à-vis du climat fait baisser à 72,3% la part des énergies fossiles en 2030. Avec une légère baisse de la production de charbon et de pétrole mais une importante hausse de celle de gaz naturel, une source d’énergie en plein boom dont l’impact sur le climat est controversé.

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En 2020, aucun suspense donc: même le scénario le plus vert mise sur une croissance de la production des énergies fossiles. La demande globale en pétrole ne devrait pas diminuer avant 2025 et elle ne devrait pas atteindre son pic avant deux décennies. Celle de charbon restera stable jusqu’en 2024, selon une nouvelle prévision de l’EIA en décembre. L’insatiable appétit de la Chine et de l’Inde envers cette roche sédimentaire riche en carbone annihilant les chutes de la consommation en Europe et aux Etats-Unis. Le monde consomme aujourd’hui 65% de charbon en plus qu’en l’an 2000, selon l’EIA.

On qualifie de «fossile» l’énergie produite par la combustion du charbon, du pétrole ou du gaz naturel, ces combustibles riches en carbone et en hydrogène issus de la transformation de matières organiques enfouies dans le sol pendant des millions d’années. Elles sont non renouvelables car une fois utilisées, elles ne peuvent être reconstituées qu’à l’échelle des temps géologiques.

Croissance, croissance

«Le débat sur l’énergie est souvent axé sur le rythme du changement mais les forces de la continuité dans le secteur ne doivent pas être écartées», peut-on lire dans le WEO.

Jamais le monde n’a été aussi gourmand en énergie que cette dernière décennie, et il est loin d’être rassasié. En 2018, la demande en énergie, peu importe sa forme, a augmenté de 2,3%, un taux deux fois plus important que le taux moyen de ces dix dernières années, selon l’EIA. Les énergies renouvelables sont toujours plus prisées, le gaz naturel en plein boom, porté par les Etats-Unis et la Chine. En 2018, l’Inde a annoncé que tous les villages du deuxième pays le plus peuplé bénéficient désormais d’un accès à l’électricité.