Les cleantechs suisses manquent de maturité
Environnement
Un rapport du Cleantech Group pointe la difficulté qu’éprouve le pays à investir et à faire émerger de grandes entreprises dans les technologies de l’environnement

Habituée des podiums des comparatifs internationaux de l’innovation, la Suisse ne figure qu’en dixième position du dernier classement «Global Cleantech Innovation Index», réalisé par le Cleantech Group, en partenariat avec le WWF.
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Le pays a beau fourmiller d’initiatives en tout genre, le secteur des technologies de l’environnement a beau bénéficier d’un «important soutien politique, éducatif et financier», comme le soulignent les auteurs de l’étude, ces derniers regrettent que cet écosystème d’encouragement «ne se matérialise pas en un élan entrepreneurial». Peu de clusters, peu d’entreprises matures, de produits commercialisés à grande échelle et trop peu d’incitations à investir dans ce domaine, énumère le Cleantech Group.
Les Scandinaves au sommet
C’est justement ces caractéristiques qui font pointer le Danemark en première position – le pays était cinquième lors du dernier classement en 2014. En plus de, lui aussi, avoir mis en place un environnement propice à l’innovation dans le domaine, le Danemark voit les levées de fonds réussies et les créations d’entreprises se multiplier. Les exportations de cleantechs, le nombre d’entreprises cotées en bourse et les emplois créés dans les énergies renouvelables font également partie des critères qui ont permis au pays de dépasser ses voisins scandinaves au classement. La Finlande et la Suède sont 2e et 3e, devant le Canada, 4e, sur 40 pays classés.
En 2014, la Suisse était 8e. Elle est «systématiquement en dessous de la moyenne en ce qui concerne les investissements de venture capitalists et les dépôts de brevets. D’où sa faible capacité à commercialiser des technologies de l’environnement.» Le pays, ajoutent les auteurs, montre une certaine activité en ce qui concerne les fusions et acquisitions, mais compte un nombre d’entrées en bourse trop réduit. Les exportations de produits ou de solutions cleantechs sont également plus faibles que la moyenne. Les signaux sont toutefois positifs. Selon les détails obtenus auprès du responsable du rapport, quelque 113 millions (en 39 transactions) ont été investis dans le capital de cleantechs suisses, entre 2010 et 2016. Tandis qu’au cours des deux dernières années, le décompte atteint déjà 270 millions (et 46 transactions).
La promesse de «green bonds»
D’ici à la prochaine édition du classement, prévue en 2020, la Suisse pourrait bénéficier d’un élan général, celui des obligations vertes. Le Cleantech Group s’en félicite et parle d’une véritable «prolifération», ainsi que d’un «signal éloquent» pour le secteur. En 2016, le marché des green bonds a atteint 95 milliards de dollars – et 142 milliards en 2017, selon les estimations de BNP Paribas. Plus de deux tiers de ces émissions concernent des projets (publics ou privés) dans le domaine de l’efficience énergétique, du transport et ou des énergies renouvelables. «Ce sont les trois axes prioritaires qui permettront à l’économie mondiale de vraiment se décarboniser.»