Glencore, le géant suisse du négoce des matières premières, va reverser 4,5 milliards de dollars supplémentaires à ses actionnaires après avoir vu ses bénéfices exploser au premier semestre face à l’envolée des cours du pétrole, du gaz et charbon. Pour la première moitié de l’année, son bénéfice net attribuable aux actionnaires a été multiplié par neuf, bondissant à près de 12,1 milliards de dollars, indique-t-il dans un communiqué jeudi.

Le bénéfice opérationnel de ses activités de courtage a plus que doublé, à 3,7 milliards de dollars, avec la forte volatilité de leurs prix. Ses activités d’extraction ont de leur côté vu leur excédent brut d’exploitation augmenter de 127% à 15 milliards de dollars en raison des prix records du charbon. S’y est également ajoutée la contribution de la mine de charbon de Cerrejón en Colombie dont Glencore a racheté les parts qu’il ne détenait pas encore, précise le groupe.

Lire encore: La corruption de Glencore relance la question du contrôle des négociants

Performance «exceptionnelle»

L’explosion des cours des matières premières depuis le début de la guerre en Ukraine lui a permis de fortement réduire sa dette, ramenée à 2,3 milliards de dollars, contre 6 milliards à la clôture des comptes annuels fin décembre. Le groupe basé à Baar, dans le canton suisse de Zoug, connu pour sa fiscalité avantageuse pour les entreprises, va augmenter les sommes reversées à ses actionnaires, à la fois sous la forme de dividendes et de rachats d’actions.

Il va procéder à une redistribution spéciale de 1,45 milliard de dollars au niveau du dividende et leur reverser 3 milliards en rachat d’actions. Ces versements supplémentaires portent à 8,5 milliards de dollars les sommes reversées à ses actionnaires pour 2022. Avec les événements géopolitiques et macroéconomiques qui ont entraîné une «dislocation extraordinaire du marché de l’énergie», Glencore a connu une performance «exceptionnelle», a déclaré son directeur général, le Sud-africain Gary Nagle, cité dans le communiqué.

Perspectives «complexes» pour les métaux

Pour la seconde moitié de l’année, le patron du groupe actif dans de nombreuses matières premières, comme le charbon, le cuivre et le cobalt, note «le resserrement des conditions financières» à l’heure où les banques centrales relèvent leurs taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation mais aussi «la détérioration» des perspectives économiques, créent des incertitudes pour le secteur.

«Néanmoins, avec peu d’options à court terme pour rééquilibrer les marchés mondiaux de l’énergie, les cours du charbon et du gaz naturel liquéfié semblent parés pour rester élevés, en particulier face au défi pour sécuriser de l’énergie de manière suffisante et fiable pour l’hiver à venir dans l’hémisphère Nord», a-t-il ajouté.

«Pour les métaux, les perspectives sont plus complexes», a en revanche estimé le patron de Glencore, entre les «risques sur l’offre», les «pénuries de personnel, d’eau et d’énergie» ainsi que des «perturbations sur les chaînes d’approvisionnement» et «risques souverains» et le «probable affaiblissement» de la demande sur certains marchés. Il perçoit cependant des «signes récents» suggérant que la Chine se redresse par rapport au point bas du deuxième trimestre, «ce qui pourrait aider à compenser des conditions plus faibles sur d’autres marchés clés».

Vers 9h30 GMT, l’action s’adjugeait 1,77% à 453,95 pence à la Bourse de Londres, où le titre est coté, alors que le FTSE100, son indice de référence, reculait de 0,18%. Glencore est le dernier acteur en date dans le secteur à assurer de gros retours à ses actionnaires, a relevé Russ Mould, directeur des investissements chez AJ Bell. «Néanmoins, avec les risques de récession qui bouillonnent, les investisseurs ne verront peut-être pas des tels niveaux de générosité élevés à l’avenir», a-t-il jugé.