Le solaire suisse est freiné par les incertitudes politiques
Énergie
Les ventes du solaire thermique et du photovoltaïque ont reculé de 15% et 20% l’an dernier. L’issue du référendum du 21 mai sur la stratégie énergétique 2050 pourrait relancer la croissance

Le solaire ne fait pas exception. Il est régi par les mêmes réflexes que n’importe quel autre secteur industriel. Lorsque règnent des doutes, les investissements n’ont pas lieu, car les rendements de ces efforts financiers sont trop incertains. C’est qui s’est passé l’année dernière sur le marché suisse du photovoltaïque. En attendant l’issue du référendum du 21 mai prochain sur la Stratégie énergétique 2050.
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Résultat, en 2016, «les premières tendances montrent que les ventes ont diminué de 20% dans le photovoltaïque et d’environ 15% dans le solaire thermique», indique Swissolar, dans un communiqué publié vendredi. L’association des professionnels de l’énergie solaire, qui revendique 500 membres représentant environ 10 000 postes de travail dans le pays, note que simultanément, au niveau mondial, les gigawatts installés ont augmenté de 50% (à 75 gigawatts) par rapport à 2015.
Une question de subventions
L’hésitation helvétique se matérialise surtout au sein des entreprises – pour les grandes installations, précise David Stickelberger, le directeur de Swissolar. «L’approbation de la stratégie énergétique 2050 permettrait d’élargir le principe de la rétribution unique aux installations de plus de 30 000 Watts. Ce qui n’est pas le cas actuellement», explique-t-il.
Depuis 2014, cette aide fédérale à l’investissement peut se substituer à la fameuse RPC (la rétribution à prix coûtant du courant injecté), qui assure un revenu aux propriétaires d’installations qui produisent davantage de courant que leurs propres besoins.
Un succès du référendum de l’UDC, le 21 mai, remettrait aussi en cause le subventionnement des projets placés sur la liste d’attente, s’inquiète David Stickelberger. Il y en aurait 40 000, dont une grande majorité dans le photovoltaïque.
Outre ce vote crucial, d’autres facteurs peuvent contribuer au retour de la croissance cette année, estime Swissolar: l’augmentation du prix du mazout, la hausse, dans plusieurs cantons, des subventions pour le solaire thermique, ainsi que la baisse du prix des panneaux photovoltaïques.
Beaucoup plus vite que l’éolien
Aujourd’hui, estime Swissolar, environ 2,5% de la consommation électrique a été couverte par le courant solaire. Très loin de l’objectif de remplacer avec le photovoltaïque les deux tiers du courant d’origine nucléaire d’ici à 2035, soit entre 25 et 30% de la consommation totale. «On l’a vu en Italie ou en Allemagne: lorsque les politiques d’incitation sont favorables, cette proportion peut augmenter très rapidement», positive David Stickelberger. Il compare: «Contrairement à l’éolien, les projets ne sont pas freinés par des oppositions. Des panneaux peuvent être très vite installés sur une ferme ou un bâtiment industriel.»
Les nouveaux panneaux solaires de couleur blanche, façon terre cuite ou permettant d’y afficher des images, tels que ceux présentés début janvier par le CSEM, peuvent-ils accélérer la démocratisation du solaire? Dans les zones d’habitation, c’est une certitude, conclut le directeur de Swissolar. «Mais cela restera une niche. Ces panneaux coûtent plus cher et ils ont un moins bon rendement.»
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