Qui tient les clefs de la journée?

– Michael Froman, ministre américain du Commerce, son homologue indien Anand Sharma, le directeur général de l’OMC, Roberto Azevêdo, ainsi que les alliés des deux premières parties (pays de l’OCDE, Pakistan, Bangladesh, Argentine, Brésil, Mexique…, d’un côté; avec, de l’autre, l’Afrique du Sud, la Chine, l’Indonésie, des pays d’Amérique centrale, etc.).

– Comment cela peut-il se dénouer?

L’Inde et les Etats-Unis ont chacun consenti à assouplir leur position. New Delhi pourrait gagner le droit – clause de paix l’immunisant contre d’éventuelles plaintes – de subventionner son secteur agricole, mais à des fins exclusivement alimentaires et uniquement pour les programmes d’aide en cours. En vertu d’une loi votée récemment, l’Inde s’est engagée à constituer des réserves de céréales pour – officiellement – nourrir sa population la plus pauvre. Il s’agit de voir dans quelle mesure elle acceptera de ne pas étendre ce mécanisme susceptible, en cas d’exportation, de plomber les prix des marchés agricoles voisins et international. La «formule magique» imaginée ici, consiste à pérenniser – ou jusqu’à ce que l’on trouve un meilleur moyen de remédier à la situation – une pratique censée être temporaire.

Par effet boule de neige, un règlement de ce dossier agricole entraînerait la résolution de celui portant sur la facilitation des échanges, chère aux pays développés, mais dont l’ensemble de la communauté internationale pourra bénéficier. Le gain induit par une simplification des procédures douanières est estimé à 1000 milliards de dollars par an, sur un total d’échanges actuel de 22 000 milliards.

Un échec est-il encore envisageable?

– Rien n’est acquis tant que tout n’est pas acquis. Et en vertu de la règle du consensus choisie pour cette ronde de négociations, il faut que l’ensemble des 159 Etats membres de l’OMC disent oui. Les trois dossiers sur la table (facilitation des échanges, agriculture et développement) sont consubstantiels. Les puissances butent pour l’heure sur les deux premiers thèmes, soit deux textes sur un total de dix. L’Inde et les Etats-Unis semblent avoir accordé leurs violons. Reste à présent à vérifier le son que produisent ceux de leurs alliés, ainsi que celui des Etats membres restants.