Publicité

Les entreprises japonaises se préparent à la reprise

La récession du Japon devrait être moins violente que prévu, grâce à la reprise des investissements des entreprises. Le ralentissement chinois se poursuit. A Hongkong, la rage des ultimes manifestants. Le bras de fer se durcit contre Uber en Asie

Shinzo Abe, le Premier ministre japonais. — © AFP Photo
Shinzo Abe, le Premier ministre japonais. — © AFP Photo

Lorsqu’ils compileront, la semaine prochaine, leur mesure finale du taux de croissance du PIB au troisième trimestre, les statisticiens du gouvernement japonais devraient découvrir que la récession dans l’Archipel a été finalement mois brutale qu’ils ne l’avaient initialement anticipé. Les autorités nippones viennent, en effet, d’annoncer que les dépenses d’investissement des entreprises du pays avaient été, sur la période allant de juillet à septembre, bien plus dynamiques qu’ils ne le pensaient. En glissement annuel, elles ont ainsi progressé de 5,5%. Dans leurs premiers calculs, les économistes avaient estimé que ces dépenses, qui comptent pour environ 15% du PIB japonais, avaient reculé de 0,2%. Ce recul qui s’était ajouté à la déprime de la consommation intérieure avait débouché sur un recul du PIB trimestriel de 1,6% en rythme annualisé. Une nouvelle chute qui, après le fort recul du PIB du second trimestre, avait officiellement fait entrer l’Archipel dans une phase de récession technique. D’après les statistiques publiées ce matin, les investissements auraient été particulièrement solides dans le secteur manufacturier, où un bond de 10,8% a été enregistré sur un an. Après plusieurs mois difficiles marqués par une baisse de la demande intérieure, les entreprises se prépareraient à une reprise. Ce scénario confirme les prédictions de la plupart des économistes qui estiment que le Japon verra son PIB connaître une légère hausse au cours du quatrième trimestre et mettra dès lors un terme à sa séquence de récession.

Le ralentissement chinois se poursuit

Trois chiffres publiés le même jour, et tous qui pointent la même tendance. En novembre, l’économie chinoise a continué à afficher des signaux très nets de ralentissement. C’est au plan industriel que le phénomène est le plus manifeste. Deux indices concernant l’activité des directeurs d’achats dans le secteur manufacturier convergent. L’un émane de HSBC et Markit. Il s’établit à 50 points, contre 50,4 en octobre. Le niveau de 50 traduit une stagnation de l’activité, et n’avait pas été vu depuis mai dernier. Qu Hongbin, l’économiste de HSBC qui présente ce chiffre, a résumé la situation: «la demande intérieure est sans élan, tandis que la progression des commandes à l’exportation ne cesse de ralentir. Les pressions déflationnistes restent fortes et le marché du travail perd en vigueur». L’indice des directeurs d’achats publié par les autorités chinoises se situe à un niveau légèrement supérieur, mais pointe malgré tout le même phénomène: à 50,3 points contre 50,8 en octobre, novembre se termine sur une mauvaise performance, que certains analystes attribuent partiellement à l’arrêt de nombreuses industries qu’avait ordonné Pékin, dans le nord du pays, afin d’assurer une qualité de l’air correcte pour le Forum Asie-Pacifique (APEC). Enfin, les prix de l’immobilier ont continué à diminuer en novembre, de 0,38% sur un mois dans les 100 principales villes du pays, et de 1,57% sur un an. En rythme mensuel, le ralentissement semble un tout petit peu moins prononcé qu’en octobre. Mais au plan annuel, il est à la hausse. Sur ce plan toutefois, une lueur d’espoir apparaît: les prix se tiennent mieux dans les grandes villes, tandis que la baisse de taux d’intérêts décidée par Pékin à la fin novembre a toutes les chances de se répercuter sur les transactions immobilières constatées en décembre.

A Hongkong, la rage des ultimes manifestants

La situation est à nouveau très tendue, à Hongkong. Au cours de la nuit de dimanche à lundi, des heurts se sont déroulés entre les manifestants et les forces de l’ordre. Les premiers tentaient d’encercler le parlement, tandis que les secondes les en empêchaient, dans une face à face qui a entraîné 40 interpellations et fait plusieurs blessés, dont 11 policiers selon un bilan officiel. Ces derniers ont été la cible de jets de bouteilles et de casques, tandis qu’ils ripostaient en pulvérisant du gaz au poivre. «Je veux une vraie démocratie», criaient les manifestants qui appelaient à «encercler le siège du gouvernement» et à «paralyser le gouvernement». Effectivement, ce matin, les bureaux de celui-ci étaient fermés. Ce regain de violence illustre le désespoir des manifestants qui ont été progressivement délogés de leurs principaux campements au cours des dernières semaines. Mobilisant la justice pour être autorisé à dégager la voie publique, le pouvoir est parvenu à mettre les démocrates sur la défensive, tandis que la popularité de leur mouvement s’étiolait en raison notamment des blocages qu’il occasionne. Sur le fond, la demande des manifestants a été totalement ignorée: alors que ceux-ci souhaitent un authentique suffrage universel pour l’élection de 2017, Pékin n’entend pas une seconde renoncer au principe d’une présélection des candidats à ce scrutin effectuée par un comité sur lequel la Chine continentale garde la haute main. Aucune des stratégies tentées par les jeunes manifestants n’a porté le moindre fruit, et leur amertume débouche manifestement, chez les plus déterminés, sur une tentation de la radicalisation.

Le bras de fer se durcit contre Uber en Asie

Déjà implantée dans plus d’une quarantaine de pays sur la planète, le service de voiturage Uber, qui met en contact par une application pour smartphone des clients avec des véhicules, taxis, limousines ou voitures, doit faire face à une résistance accrue des autorités de plusieurs pays d’Asie du Sud-Est. Ce week-end, le service a ainsi été déclaré illégal par les autorités de Bangkok. Elles expliquent que les personnes utilisant des voitures commandées sur Uber ne pourront pas être couvertes par leur assurance en cas d’accident car les véhicules n’auraient pas été correctement enregistrés comme assurant un service public. Elles jugent aussi que le système de paiement utilisé par le service ne serait pas conforme aux procédures mises en place dans la capitale. Habitué à ces bras de fer avec les autorités, qui tentent de protéger les sociétés de taxis traditionnelles, Uber a indiqué qu’il ne comptait pas stopper son service et qu’il souhaitait travailler avec les autorités locales pour se mettre en conformité avec la loi. Ce nouveau différend s’inscrit dans une longue série de conflits ouverts dans plusieurs capitales de la région avec les exécutifs locaux. Ces dernières semaines, le modèle économique de la start-up américaine avait été attaqué par les autorités indonésiennes et malaisiennes. A Singapour, le gouvernement veut mettre en place de nouvelles régulations pour encadrer les services de covoiturage gérés en ligne tels qu’Uber et GrabTaxi, son concurrent malaisien.