Lorsqu’en 1960, à la mort de son père, cet employé de banque formé en Suisse alémanique rejoint l’entreprise dont sa famille est copropriétaire, il n’a que 25 ans, mais déjà un riche parcours à son actif, qui l’a notamment amené à travailler en Allemagne et en Afrique. Son prédécesseur Joseph Reiser lui transmettra très vite sa passion pour une société qu’il va s’appliquer à développer.
Caran d’Ache lui devra ainsi notamment la diversification de ses activités avec l’introduction d’instruments d’écriture et de briquets haut de gamme, ainsi que l’orientation Beaux-Arts dans les couleurs. Jacques Hubscher a également largement contribué à l’internationalisation de la marque par la création de filiales en France, en Allemagne et au Japon, l’ouverture des premières boutiques et une présence renforcée dans plus de 90 pays.
Son seul véritable revers restera d’«avoir tenté trop tôt le lancement de la montre Caran d’Ache», rappelait en 2012 la société lorsqu’il passera le témoin à sa fille Carole. Celle-ci dirige toujours l’entreprise dont l’intégralité de la production est sise à Thônex.
Un farouche partisan du «made in Switzerland»
Car si Jacques Hubscher a su positionner sa marque dans le haut de gamme pour la faire rayonner au-delà des frontières suisses, il n’a jamais cédé aux sirènes de la délocalisation, maintenant ses quelque 300 employés dans le canton de Genève «Cela le rendait très conscient des problématiques de coûts. Il faisait toujours en sorte de mettre en avant ces difficultés-là dans les négociations tout en rappelant également le succès de son entreprise. Mais une fois qu’il avait donné sa parole, il la tenait», se souvient Blaise Matthey.
Lire aussi: Caran d’Ache veut se mettre au bois suisse
Le directeur de la Fédération des entreprises romandes (FER) le connaissait bien et ne cache pas qu’il fut l’un de ses «pères spirituels quant à la conduite des affaires», un «Commandeur» pour la place économique genevoise. Jacque Hubscher a été membre de plusieurs organisations professionnelles dont la Chambre de Commerce et d’Industrie de Genève et le Vorort qui, en fusionnant en 2000 avec d’autres faîtières de l’économie, donnera naissance à Economiesuisse.
S’il a fait partie des personnes qui ont aussi bien vécu la deuxième guerre mondiale que la récente invasion de l’Ukraine par la Russie, l’ancien patron de Caran d'Ache sera parti trop tôt pour découvrir le nouveau site de la manufacture. Imaginé par l’architecte Pierre-Alain Dupraz, il devrait voir le jour en 2025, dans la commune de Bernex.
Lire également: La «symphonie des crayons» de Caran d’Ache