La Brasserie Trois Dames exportera ses produits jusqu’en Finlande
artisanat
Fondée par Raphaël Mettler il y a cinq ans, la brasserie artisanale de Sainte-Croix (VD) réalise un chiffre d’affaires d’un million de francs. Après l’Amérique, la société vise les pays nordiques
Gérer une brasserie artisanale dans un pays dominé par Carlsberg et Heineken? Raphaël Mettler, 51 ans, a décidé de relever le défi. Le propriétaire de la brasserie Trois Dames de Sainte-Croix (VD) a commencé à brasser en 2002, en tant qu’amateur: «C’était d’abord une passion. Puis j’ai créé une brasserie d’une capacité de 2,5 hectolitres (hl) pour une petite clientèle. Cela ne me permettait pas d’en vivre.» Installée dans une ancienne menuiserie, Trois Dames affiche une production de 1800 hl, juste au-dessous des 2000 hl minimum requis pour être membre de l’Association suisse des brasseries (ASB), laquelle ne représente en réalité que des brasseurs alémaniques, dont Feldschlösschen et Heineken Switzerland.
Pour devenir un professionnel de la bière, Raphaël Mettler a vendu son entreprise spécialisée dans la distribution d’articles de sport. «L’investissement initial a été de 1 à 1,5 million de francs. J’ai eu la chance de revendre», se souvient celui qui a commencé sans salaire. «Des fois, je préfère ne pas trop réfléchir, je me lance! sourit-il. Notre chiffre d’affaires est d’un million de francs. Nous avons bouclé la cinquième année sur une progression de 25 à 30%.»
SmartBeer, un distributeur de bières artisanales helvétiques qui a fêté fin mai sa première année d’existence, estime à plus de 300 le nombre de brasseries en Suisse, dont quelque 70 en Romandie. Carlsberg et Heineken prennent à elles seules 75% d’un marché qui, selon l’ASB, porte sur 4,6 millions d’hectolitres en 2011-2012. Dans son dernier bilan annuel, l’association relevait la stagnation de la consommation, ainsi qu’une hausse des importations. Dans ce marché, les grandes marques affichent par ailleurs des prix trois fois inférieurs à ceux des bières artisanales.
Dans les chalets d’alpage
Raphaël Mettler a sa recette pour résister: «Il ne faut pas lâcher. On doit tout le temps relancer les clients pour ne pas les perdre et réfléchir à la production.» Il choisit aussi ses revendeurs. «Les produits du terroir correspondent à ce que viennent chercher les touristes dans la région, poursuit-il. On vend notamment nos bières à des chalets d’alpage.» Car si l’embouteillage a été automatisé, le brassage se fait manuellement: «Le côté artisanal est plutôt lié à l’approche que l’on a de son entreprise qu’à la quantité, c’est s’intéresser aux différentes cultures de bières et à la découverte d’autres saveurs.»
La brasserie Trois Dames vend aussi ses produits aux Etats-Unis et au Canada, où Raphaël Mettler a participé à des concours lors d’un séjour d’une année à Vancouver, avant qu’il ne devienne brasseur professionnel à Sainte-Croix. Mais les exportations ne se limiteront pas à l’Amérique: «Nous avons reçu aussi des commandes de Norvège et de Suède. En Finlande cela devrait démarrer en août-septembre. C’est toujours une question de réseaux et de rencontres.» Les exportations des Trois Dames ne sont cependant pas dues à la concurrence dans le marché suisse: «Je vois plutôt les brasseries artisanales comme une sorte de bloc. Il faut éviter de se cannibaliser!»