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Face aux vents contraires, l’économie suisse résiste mieux que prévu

Si la conjoncture helvétique semble fléchir en ce moment, elle devrait retrouver des couleurs au printemps. C’est surtout la pénurie de main-d’œuvre qui inquiète les économistes

Image d'illustration: Un horloger de la firme Patek Philippe travaille sur un tourbillon de montre, lors du reportage à la manufacture horlogère Patek Philippe de Plan-les-Ouates Genève. — © KEYSTONE/Sandro Campardo
Image d'illustration: Un horloger de la firme Patek Philippe travaille sur un tourbillon de montre, lors du reportage à la manufacture horlogère Patek Philippe de Plan-les-Ouates Genève. — © KEYSTONE/Sandro Campardo

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Hausse des prix de l’énergie, inflation, guerre en Ukraine… Autant de freins qui ne poussent pas à l’optimisme conjoncturel. Après les inquiétudes automnales, les économistes semblent toutefois appréhender l’évolution économique de la Suisse avec davantage de sérénité pour les mois à venir. Un constat en adéquation avec les tendances mondiales. La semaine dernière, le Fonds monétaire international (FMI) a revu ses prévisions à la hausse pour de nombreuses économies.

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Ainsi, les experts contactés par Le Temps s’accordent tous à affirmer que l’économie suisse ne connaîtra pas de récession sur l’ensemble de l’année 2023, même si elle fait face à un ralentissement, après la reprise post-covid. Pour les économistes d’UBS, qui ont présenté mardi leurs prévisions conjoncturelles, la croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait atteindre cette année 0,7% contre 2% en 2022. Des chiffres en deçà de ceux du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco), qui prévoyait en décembre une progression du PIB de 1%.

Creux conjoncturel

Selon le chef économiste de l’institut BAK Economics, Martin Eichler, la Suisse se trouve actuellement au bord d’une «récession technique» (une économie est considérée comme étant en récession si son PIB recule durant deux trimestres consécutifs). La hausse des prix de l’énergie a entraîné un fléchissement de l’activité cet hiver qui se traduit pour le moment en «stagnation».

Comme c’est souvent le cas en Suisse, la consommation atténue le ralentissement observé car la demande interne s’est maintenue durant cette période, précise Klaus Abberger, économiste au sein de l’institut KOF de l’EPFZ. «La situation économique devrait s’améliorer au printemps et en été, prévoit l’expert, stimulée cette fois-ci par la demande asiatique et en particulier chinoise – Pékin a récemment abrogé les mesures de confinement –, favorisant alors les exportations suisses.»

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Inflation moins prononcée

Selon les prévisionnistes, le pays devrait connaître des pressions inflationnistes moins fortes qu’en 2022, se démarquant alors de nombreuses autres économies. UBS va même jusqu’à envisager que le taux d’inflation pourrait passer sous la barre symbolique de 2% au cours de cette année, bien loin du taux de 3,6% estimé pour la zone euro par la Banque centrale européenne (BCE). Cette situation pourrait d’ailleurs pousser la «Banque nationale suisse (BNS) à n’effectuer qu’une seule hausse des taux d’intérêt cette année, en mars», déclare Florian Germanier, économiste au sein du numéro un bancaire suisse, contre plusieurs prévues par la Réserve fédérale américaine, par exemple.

Un problème structurel

A présent, la Suisse «n’a plus un problème de cycle économique, mais plutôt un problème structurel», avertit Martin Eichler. L’expert de BAK Economics fait allusion aux manques chroniques de main-d’œuvre auxquels les entreprises font face. Même si le taux de chômage a augmenté en janvier (2,2% contre 2,1% en décembre), selon les chiffres publiés mardi par le Seco, «les entreprises interrogées [dans le cadre de l’étude trimestrielle du KOF concernant l’emploi] estiment que le nombre actuel d’employés est nettement trop bas». Des propos confirmés par Klaus Abberger, qui révèle qu’il est improbable que le chômage augmente de façon importante ces prochaines années, «les firmes ayant peur de ne plus avoir [assez] d’effectif».

Ce phénomène est dû à un «changement de démographie», note Alessandro Bee. Cet économiste d’UBS Suisse met ainsi en garde contre un déficit de main-d’œuvre d’ici à 2030 de 220 000 à 250 000 personnes, à cause du départ à la retraite de la génération des babyboomers, nés entre la fin de la Deuxième Guerre mondiale et les années 1960.

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Pour cette raison, UBS préconise dans son rapport «d’intégrer davantage dans la vie active les travailleurs seniors et les mères». Ce ne sont pas les premiers économistes à pointer du doigt ce risque. Credit Suisse s’était aussi pliée à cet exercice en 2019, estimant que le nombre de nouveaux retraités atteindra progressivement les 100 000 par an, voire dépassera 125 000 en 2029.


Le taux de chômage a atteint 2,2% en janvier

En janvier, le taux de chômage en Suisse a progressé sur un mois, de 0,1 point de pourcentage, à 2,2%. Sur un an, il est toutefois en recul, a indiqué mardi le Secrétariat à l’économie (Seco).

A fin janvier, 100 776 personnes étaient inscrites au chômage auprès des offices régionaux de placement (ORP), soit 3835 de plus qu’en décembre 2022. Par rapport à janvier 2022, le chômage a néanmoins diminué de 21 492 personnes (-17,6%).

Aussi bien pour les 15-24 ans que les 50-64 ans, les taux de chômage sont restés stables sur un mois à respectivement 2,0% et 2,1%. Sur un an, ils sont eux aussi en recul.

Genève, lanterne rouge

Alors que la Suisse alémanique a inscrit un taux de chômage de 1,8% en janvier, il monte à 3,2% pour la Suisse romande et le Tessin.

L’ensemble des cantons a essuyé une baisse du nombre de chômeurs sur un an, mais les disparités restent importantes.

Obwald et Appenzell Rhodes Intérieures sont les cantons qui remportent la palme du chômage le plus faible (chacun 0,6%) tandis que le bonnet d’âne revient à Genève (3,8%), suivi du Jura (3,6%).

Le canton de Vaud (3,5%), ainsi que le Valais et le Tessin (chacun 3%) et Fribourg (2,4%), ont également enregistré des taux de chômage supérieurs à la moyenne nationale. (ATS)