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Flexibles, les PME suisses s’adaptent à un monde en «polycrises»

Près de la moitié des 650 firmes interrogées par Credit Suisse ont indiqué que la collaboration avec leurs partenaires commerciaux s’est compliquée au cours des trois dernières années

Le port de commerce de Bâle.  — © Christian Beutler/KEYSTONE
Le port de commerce de Bâle. — © Christian Beutler/KEYSTONE

«Ne rien lâcher». La prospérité suisse passe par la persévérance et l’ingéniosité des PME suisses qui seront au coeur de Forward, le 10 mars, au Swisstech Convention Center. Inscriptions et informations .

Les entreprises suisses font preuve de flexibilité face aux nombreuses crises géopolitiques actuelles, la principale étant l’invasion de l’Ukraine voici bientôt un an. C’est ce qui ressort de l’étude annuelle de Credit Suisse présentée jeudi 2 février et intitulée Les tensions géopolitiques: un défi pour les entreprises suisses.

Les échanges internationaux ont été ébranlés ces dernières années, non seulement par ce conflit – et les sanctions qui ont suivi –, mais aussi plus globalement depuis 2008 et la crise des subprimes, les crédits immobiliers pourris. Le tsunami économico-financier provoqué a poussé les Etats à prendre des mesures protégeant leurs industries, a indiqué la responsable de l’analyse politico-économique au sein de la banque, Sara Carnazzi Weber.

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Un phénomène qui s’est accentué avec la pandémie depuis 2020, rappelle-t-elle. L’étude portant sur 650 entreprises, dont 50 grands groupes, actives dans des secteurs industriels, confirme cette tendance. La moitié d’entre elles (47%) ont indiqué que la collaboration avec leurs partenaires commerciaux s’est compliquée au cours des trois dernières années.

Importance des relations avec l’étranger

Mais, malgré les risques et craintes liées aux sanctions et à leur réputation, seules 19% des firmes interrogées ont coupé net leurs relations d’affaires avec certains pays, Russie en tête (6% des entreprises sondées). Ce chiffre atteint 24% pour les grandes entreprises, généralement davantage implantées à l’étranger. Pour une large majorité des PME et des grands groupes, la relation avec les partenaires étrangers, en premier lieu les fournisseurs et les clients, revêt une grande importance. Cette forte dépendance internationale s’explique par la petite taille de la Confédération.

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Pour fonctionner durant ces trois dernières années, les entreprises ont donc dû s’adapter et se tourner vers d’autres partenaires commerciaux, en particulier régionaux. La majorité d’entre elles (60%) ont élargi l’éventail de leurs partenaires. Cette stratégie n’est toutefois pas à la portée de toutes les firmes suisses. Comme le relève Sara Carnazzi Weber, «les deux caractéristiques [nécessaires] sont l’argent et les opportunités», ce qui complique la donne pour les PME et les microentreprises disposant de moins de liquidités.

Coûts à la hausse

Tous ces obstacles, sans oublier les perturbations des chaînes logistiques entraînées par le Covid-19, provoquent inévitablement une hausse des coûts. Neuf entreprises sondées sur dix indiquent avoir dû répercuter cette augmentation sur leurs clients. Par ailleurs, 35% d’entre elles se sont tournées vers des substituts moins chers. Sur le front de l’emploi, seules 10% des PME et des grandes entreprises ont réduit leur personnel.

Particularité suisse, trois-quarts des entreprises sondées ont affirmé qu’il est «dans leur intérêt que la neutralité soit préservée», selon l’étude de la banque suisse. Quatre entreprises sur dix ont constaté des réactions négatives de la part de leurs partenaires commerciaux suite aux sanctions prises par la Confédération contre la Russie.

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