A Grandson, le Père Noël est éthique et écolo
Commerce
Profitant de l'attrait grandissant pour les jouets «propres», le magasin vaudois Baby Green est passé de la petite boutique de village au showroom. La traçabilité, la durée d’utilisation et les matières sont les critères les plus importants aux yeux des acheteurs

Dans la zone industrielle de Grandson, à quelques mètres de l’autoroute A5, s’alignent une cinquantaine d’entrepôts en briques rouges d’apparence identique. Mais derrière les numéros 21 à 23 se cache une véritable caverne d’Ali Baba. Au rez, on emballe les jouets dans des cartons de couches pour bébés recyclés. «En cinq ans, nous n’avons jamais eu besoin d’acheter d’emballage pour poster nos deux chariots de colis quotidiens», s’étonne Katia Barth, cofondatrice du magasin de jouets Baby Green.
Au sommet des escaliers se dévoile le showroom riche de plus de 1500 références. Un faux sapin de Noël en bois trône au centre des plus de 100 m2 d’exposition qui a ouvert ses portes au début du mois. L’espace est séparé en deux pièces très lumineuses aux couleurs de l’arc-en-ciel. Dans le premier, on trouve des jeux. «La plupart sont en bois, car plus robustes et donc plus durables», appuie Katia Barth. On traverse une arcade pour découvrir les vêtements et doudous en coton certifié bio. De la puériculture aux soins, en passant par les couches et les accessoires, on y trouve de tout pour les petits de 0 à 5 ans. Au fond, un espace est aménagé pour que les enfants testent les jouets et laissent leurs parents faire leurs achats en toute tranquillité.
Une question de confiance
La maman de 34 ans a créé son magasin (en ligne et physique) à la naissance de sa première fille, Jessica, en 2013. «A l’époque, nous étions pionniers, il n’existait pas de boutique du genre. Et si nous avons autant de succès aujourd’hui, c’est parce que nous avons gardé la même ligne directrice qu’au départ, proposer uniquement des jouets non toxiques et écologiques.» Implicitement, le service que propose Baby Green, c’est aussi l’expertise et le tri dans l’offre de jouets supposés éthiques: «Il existe des centaines de producteurs, mais les clients n’ont pas le temps de s’informer. Nous sélectionnons minutieusement les articles pour eux.»
Plus un enfant pourra jouer longtemps avec un jouet et le réutiliser, mieux l’article fonctionnera
Au début de l’aventure, Sylvio, le mari de Katie, passait ses soirées à s’occuper du site internet et de l’emballage des colis. Il y a deux ans, il a tout plaqué pour se consacrer uniquement à Baby Green. Selon son épouse, la structure familiale de la petite entreprise inspire confiance. «Le bouche-à-oreille nous a fait connaître, les clients viennent de toute la Suisse. En général, ils nous rendent visite sur place une première fois, puis commandent en ligne. Nous y faisons 90% de notre revenu», précise Katia Bart, sans dévoiler de chiffres. Comme la plupart des jouets éthiques sont fabriqués main, les disponibilités sont limitées. «Nos clients savent qu’il faut s’y prendre tôt, nous voyons une augmentation des ventes en début d’automne déjà», argumente-t-elle.
D’après Katia Barth, l’envie d’offrir des jouets qui respectent une certaine éthique n’est pas seulement une tendance, elle vient d’une prise de conscience générale. «On trouve de plus en plus de tests sur les produits et leur origine. Les gens ont l’impression de se faire avoir en découvrant toutes les substances nocives qu’on met dans les jouets pour enfants, comme du plomb dans les peintures par exemple.»
Les petites boutiques en ligne comme Baby Green fleurissent sur le web. Dans ce créneau porteur, il y a aussi des grandes enseignes comme Nature et Découverte. Son directeur commercial, Philippe Ciamporcero, pense que les parents ne cherchent pas seulement un bon rapport qualité-prix, mais aussi une bonne relation entre le prix et la durée d’utilisation: «Plus un enfant pourra y jouer longtemps et le réutiliser, mieux l’article fonctionnera.» La chaîne, qui compte huit points de vente en Suisse romande, propose aujourd’hui plus de 600 références. «Nous vendons des jouets à but expérimental et scientifique où l’enfant part à la découverte du monde à travers le jeu.»
L’électronique peut aussi être «propre»
Il existe plusieurs labels de qualité écologiques qui aident le consommateur à y voir plus clair, notamment «Spiel Gut», «Gots» ou «Max Havelaar». En plus, chaque magasin respecte sa propre éthique. Chez Nature & Découverte, tous les jouets sont en bois certifié FSC et les doudous sont fabriqués à partir de coton bio. Si la production est chinoise, des équipes se rendent sur place. «On vérifie que les salaires soient en règle avec les normes du pays et qu’aucun enfant ne travaille», assure le directeur commercial.
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Mais pour Katie Barth, il est inconcevable de proposer un jouet fabriqué hors de l’Europe. Elle a par exemple exclu les marques Djeco et Janod de son assortiment. «Plusieurs marques conçoivent leurs jouets en Europe, mais les fabriquent en Chine pour pouvoir en produire plus et à moindre coût». A ce propos, elle insiste: «On peut avoir du bio et éthique au même prix qu’un produit made in China.»
Avant d’abandonner la magie des lieux, Katia Barth présente fièrement sa dernière trouvaille. C’est un lecteur MP3 pour enfant de la marque Hörbert. «C’est un objet contre l’obsolescence programmée, il est très robuste, peut résister à de grands chocs et chacune de ses pièces est remplaçable.» Elle appelle ça de «l’électronique propre».