La quatrième édition de notre Prix SUD est lancée. Qui succèdera à Légumes Perchés? Enerdrape, Ponera Group ou Voltiris?

Vous avez jusqu’au 11 avril pour découvrir leur idée et soutenir l’une d’entre elles, en vous rendant sur le site de l’événement:

www.letemps.ch/prixsud2022

D’habitude, sur les toits des immeubles, les panneaux solaires concurrencent les potagers urbains de Légumes Perchés. Mais avec ceux, translucides, d’Insolight, les deux solutions peuvent tout à fait se superposer.

Le marché principal que vise Insolight est clairement celui de l’agrivoltaïsme. C’est sur de grandes surfaces, dans les exploitations agricoles, notamment celles qui cultivent fraises, framboises et autres cultures maraîchères ou arboricoles, que le potentiel est le plus important pour sa proposition d’ombrage photovoltaïque. Mais en novembre 2020, un autre segment de marché s’ouvre à son cofondateur, Laurent Coulot.

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Lui et Thomas Verduyn, le cofondateur de Légumes Perchés, ont tous les deux rendez-vous dans la rédaction du Temps, alors basée à Lausanne. Ils sont finalistes du Prix SUD et sont venus pour défendre leur idée et leur modèle d’affaires devant les membres du jury. C’est à cette occasion que les deux hommes se croisent. Ils s’intéressent l’un à l’autre et constatent, ma foi, que leurs solutions respectives sont compatibles. «Sur les toits, les panneaux solaires occupent une place que nos bacs potagers pourraient avoir», sourit Thomas Verduyn.

Soleil partagé

Un peu plus de deux ans après cette rencontre, nous nous sommes donc rendus à Renens (VD), dans les locaux d’Insolight, pour découvrir le projet pilote que mènent les deux start-up sur le toit de cet immeuble. Environ 8 m² de panneaux translucides sont installés au-dessus de plusieurs bacs de fraisiers. A l’aide de structures métalliques, reliées par des câbles qui transmettent l’énergie solaire récoltée, les cellules surplombent les plantes d’un petit mètre. Elles tempèrent une partie de la lumière du soleil, la transforment en électricité. «Cette installation nous permet de démontrer la faisabilité de cette proposition. Nous la montrons régulièrement à nos clients qui nous rendent visite», argumente le responsable commercial d’Insolight, David Lambelet.

Selon les données de la start-up, chaque mètre carré de ses panneaux transparents est capable de produire entre 100 et 200 kWh par année, selon le lieu, les cultures et le degré d’ombrage nécessaire – les cellules sont amovibles, en fonction des besoins. Pour alimenter intégralement en électricité un appartement occupé par deux personnes, il en faudrait une vingtaine, puisque, en Suisse, un ménage de ce type consomme un peu plus de 2000 kWh par an, selon l’Office fédéral de l’énergie (OFEN). La plus grande installation potagère de Légumes Perchés, à Crissier, compte, elle, quelque 3000 m² de cultures répartis sur trois toits.

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Sans s’imposer un cadre strict, Insolight et Légumes Perchés échangent plusieurs fois par an; pour répondre ensemble à un appel d’offres, pour envisager de le faire, ou simplement pour l’entretien de leur projet pilote.

L’installation de Renens est un modèle miniature d’autres prototypes d’Insolight, mis en place sur des toits ou au sol, à Conthey, Genève, Zurich, Madrid ou encore Portici, dans la baie de Naples, où ses panneaux sont fixés sur une serre. Thomas Verduyn réagit: «Nous l’avons constaté à quelques reprises: d’un point de vue législatif, il est très compliqué d’installer une serre sur un toit. Alors que les panneaux solaires, eux, sont acceptés presque partout, désormais.»

Fruits perchés

En cet après-midi du mois de mars, l’aménagement n’a pas encore porté ses fruits. Au sens propre, les fraisiers installés sous les panneaux solaires sortent de l’hiver et commencent à peine à se déployer. Au sens figuré, aucun client n’a encore signé pour cette solution combinée. Plusieurs promoteurs ont montré un intérêt pour cette idée, des offres communes ont été formulées; sans succès pour l’instant.

Reste qu’Insolight, parmi la poignée de projets qu’il déploie et qu’il a déjà installés, en compte plusieurs sur des toitures. Concernant ces derniers, «ils conviendraient tout à fait pour accueillir les bacs de Légumes Perchés». L’invitation de David Lambelet n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd.

Outre la perspective de pouvoir partager des espaces urbains restreints avec des panneaux solaires, Thomas Verduyn voit un autre avantage à collaborer avec Insolight. «Sur un toit, l’exposition est forcément particulière. Certaines espèces ne peuvent tout simplement pas y pousser. Avec des ombrières, on pourrait se diversifier dans les baies.» Légumes Perchés pourrait bien finir par faire pousser des fruits perchés.