Les PME à l’honneur

Tous les deux ans, le Swiss Venture Club (SVC) récompense une PME familiale qui s’inscrit dans la pérennité. Après une présélection et la visite de six entreprises finalistes, le jury – composé d’une quinzaine de personnalités de l’économie romande, auquel participe Le Temps – a établi un classement qui sera révélé jeudi 8 novembre au SwissTech Convention Center de l’EPFL. D’ici là, chaque lundi, une PME finaliste au Prix SVC sera présentée dans Le Temps, selon un ordre alphabétique.

«Bienvenue en Loycocracy», annonce Christophe Barman, cofondateur de Loyco, dans la salle de conférences de son bureau à Carouge, entouré d’une partie de son équipe. Cette société de services à Genève, qui compte 94 employés, a annoncé début mai la dissolution de son comité de direction. «Les pouvoirs ont officiellement été remis aux collaborateurs, explique Christophe Barman, ex-directeur général qui semble encore garder l’œil sur tout. J’ai été viré avec plaisir. Ce sont des gens de terrain qui prennent les décisions, ce système simplifie le flux décisionnel.»

«Nous investissons sur l’intelligence collective», ajoute l’ex-CEO de l’entreprise qui anime volontiers sa présentation par une série de petites séquences vidéo témoignant de l’ambiance festive de l’entreprise. Chez Loyco, il n’y a pas de code vestimentaire, pas d’horaires de travail, ni hiérarchie. Ce management différent semble faire ses preuves. La PME, qui a soufflé ses cinq premières bougies en juillet, réalise un chiffre d’affaires de 12 millions de francs, en progression constante.

Nous n’avons pas de commerciaux mais bénéficions du bouche-à-oreille et attirons une clientèle qui adhère à nos valeurs

Christophe Barman, cofondateur de Loyco

Le métier de Loyco reste pourtant traditionnel. La PME gère pour le compte de ses clients toutes sortes de processus administratifs, à l’exemple de la gestion des salaires et des absences. Elle se charge aussi de la comptabilité, de la gestion des risques, du marketing ou de la fiscalité. «Nous constituons un bureau unique où les entreprises peuvent tout externaliser. Nos services ont la particularité d’être extrêmement numérisés, précise Christophe Barman. Nous gérons au total plus de 30 000 collaborateurs.»

Sept cents clients

Avec des succursales à Zurich, Sion et Lausanne, Loyco travaille avec 700 clients. Parmi eux, on retrouve Bongénie-Grieder, la banque Bordier, le Collège du Léman ou Léman Bleu. «Nous n’avons pas de commerciaux mais bénéficions du bouche-à-oreille et attirons une clientèle qui adhère à nos valeurs», précise Christophe Barman, qui rappelle que Loyco est une contraction entre loyauté et compagnie.

L’entreprise, très présente sur les réseaux sociaux, travaille beaucoup sur l’événementiel. «Nous tenons à allier bienveillance et résultats économiques. Nous encourageons nos collaborateurs à s’investir dans des causes qui leur sont chères, en dehors de l’entreprise. Indirectement, cela bénéficie à Loyco, qui, de son côté réinvestit un tiers du bénéfice dans la société.» Un autre tiers est distribué aux actionnaires – 30 employés qui contrôlent 70% du capital. Le dernier tiers est destiné aux collaborateurs.

Loyco veut rompre avec les vieux schémas de gouvernance. Elle est d’ailleurs l’une des rares sociétés anonymes à faire partie de la Chambre d’économie sociale et solidaire, Après-GE. La PME participe ainsi, par exemple, à la réinsertion professionnelle de chômeurs. Elle a aussi mis en place une grille de salaires transparente, donc connue de tous et qui garantit l’égalité. Loyco fait aussi partie des premiers membres de la communauté B Corp en Suisse, une certification octroyée aux sociétés commerciales répondant à des exigences sociétales et environnementales, de gouvernance ainsi que de transparence envers le public.

Création d’une start-up

La PME innove aussi, avec par exemple la création de start-up comme Yalty dont Loyco est actionnaire à 100%. Dans de nombreuses petites entreprises, le poste de responsable des ressources humaines n’existe pas. La gestion des collaborateurs est assurée par le patron, qui ne possède pas toujours les connaissances en droit du travail. Leurs employés utilisent l’application gratuite de Yalty pour automatiser certains processus administratifs contraignants, comme l’enregistrement du temps de travail, les maladies ou les départs en vacances. Yalty propose certains services supplémentaires payants, à l’exemple de statistiques sur l’absentéisme, du traitement des heures supplémentaires ou de la préparation des fiches de salaire.