Les pénuries actuelles au cœur d'un forum pour les PME
Événement
Forward, le forum de l’innovation au sein des entreprises, s’est tenu jeudi à l’EPFL. Il a été question de cyberattaques et d’opportunités générées par les crises, climatique et en Ukraine. Zoom sur les pénuries, une autre thématique phare de l’événement

Elles peuvent être de matières premières et de personnel: les pénuries figurent parmi les mots-clés de l’année, tant les carences générées par les difficultés logistiques issues de la pandémie se font ressentir. Jeudi, trois entreprises ont témoigné sur la grande scène de Forward, le forum de l’innovation pour les PME, organisé par l’EPFL, PME Magazine et Le Temps, devant 500 participants.
«Pour des composants, on a des temps de livraison de 18 mois, contre trois d’habitude», a signalé Benoît Dagon. Le patron d’Imina Technologies, une société vaudoise spécialisée dans la microtechnique, a même indiqué que des entreprises ont dû se résoudre à acheter des produits finis afin de les démonter pour récupérer des pièces devenues trop rares. Imina a notamment choisi d’acheter des composants différents, quitte à redévelopper une partie de ses produits, tout en réduisant ses marges face à la hausse des prix générée par tant de raretés.
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La PME peine aussi à recruter du personnel, tout comme Mobbot, un fournisseur fribourgeois de solutions numériques pour l’industrie du béton. «Dans les métiers du logiciel, on recrute tous les mêmes talents, qui sont devenus très chers, regrette sa directrice Agnès Petit. Pour un ingénieur du cloud informatique, il faut compter avec un salaire de 300 000 à 400 000 francs, impossible pour nous.» Mobbot a dû externaliser une partie de ses services dans les pays de l’Est tout en augmentant les rémunérations de ses employés de 20 à 25%, selon sa patronne.
Mutualiser les forces
Le fabricant de matériel électronique neuchâtelois Hybrid s’est de son côté associé à ses principaux clients, dès le début de la pandémie, pour trouver des solutions communes d’achat, souvent très à l’avance. Mutualiser les forces pour faire ses emplettes ensemble? Une approche en ce sens pourrait être mise en place avec une aide étatique, selon Benoît Dagon, car il est difficile de négocier des bons prix quand les commandes portent sur de faibles volumes, ce qui est souvent le cas quand elles émanent de PME. Les fournisseurs privilégient d’autant plus les grosses commandes par temps de crise.
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«L’élément le plus important, c’est la stratégie d’entreprise, qui doit être simple et pouvoir être dite en une seule phrase», a conseillé Etienne Jornod, le président historique de Galenica et du groupe de médias NZZ, aujourd’hui à la tête de l’entreprise pharmaceutique OM Pharma. «C’est dans une crise bien gérée qu’on crée le plus de valeur si on reste lucide», estime-t-il.
Un sondage parmi les participants de Forward a indiqué que la capacité à instaurer un état d’esprit d’innovation figure parmi les principales difficultés du moment pour les PME. Le conseiller d’Etat vaudois Philippe Leuba, également présent, a vanté les capacités d’innovation de la Suisse, qui domine les classements en matière de demande de brevets.