Emploi
A en croire le cabinet Michael Page, les entreprises helvétiques ont rouvert les vannes du recrutement. Le taux de postes vacants publiés a bondi de 33,3% sur les neuf premiers mois de cette année. Du jamais vu depuis 2012. La tendance devrait se maintenir, voire s’accentuer ces 18 prochains mois

Si l’on compare les chiffres de ces quatre dernières années, la progression observée entre janvier et septembre 2016 est inédite. D’après le cabinet de recrutement Michael Page (MP), le nombre d’offres d’emploi en Suisse a, durant cette dernière période, augmenté de 33,3%. Signe que les entreprises helvétiques ont «rouvert les vannes de l’embauche». Mieux: «Ce dégel devrait se poursuivre jusqu’au printemps 2018», résume Charles Franier, directeur exécutif de MP à Genève.
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L’année dernière a connu un fléchissement marqué du taux d’annonces de postes vacants dans le pays. «Principalement à cause du franc fort, précise Charles Franier, les entreprises ont, depuis l’abandon du taux plancher, mis en attente certains projets. Elles se sont en quelque sorte serré la ceinture, le temps de s’adapter au nouvel environnement économique.»
Si les trois premiers mois de cette année ont été relativement calmes, la dynamique d’embauche aurait redémarré de manière significative depuis avril passé. «Cette tendance s’observe tous secteurs confondus (informatique, vente, finance, construction, organisations à but non lucratif ou encore machines-outils, ndlr), bien que la dynamique soit davantage marquée en ce qui concerne les sciences de la vie, biotechnologie et pharmaceutique en tête», souligne le responsable de MP.
Jusqu’à trois processus de recrutement en parallèle
Autre observation: le phénomène de reprise de l’emploi concerne toutefois essentiellement les profils pointus. A tel point que certaines catégories d’experts (ingénieurs, administrateurs dans le domaine des ressources humaines entre autres) se voient à présent proposer jusqu’à trois postes en même temps. «C’est du jamais vu depuis de nombreuses années», commente Charles Franier.
Les recruteurs n’engagent aujourd’hui quasi plus de généralistes. «Les banques, par exemple, réembauchent des catégories différentes de salariés (département de contrôle des risques, des juristes, etc., ndlr), après avoir réduit leurs effectifs spécialisés dans la clientèle offshore, fermant au passage leurs cellules de gestion pour le marché russe, notamment», indique Charles Franier. Corollaire de cette adaptation: les salaires bancaires suivent un processus de réalignement généralisé, correspondant davantage aux pratiques d’autres industries.
«On assiste à une forme de retour à la réalité, les candidats ne pouvant plus prétendre à une augmentation de leurs revenus de 15 à 20% en changeant simplement de poste», précise Charles Franier. Les aménagements de temps de travail et autres avantages sociaux sont devenus la nouvelle variable en matière de rémunération permettant aux entreprises de se distinguer de leurs concurrentes.
Le marché romand est plus réactif
Dernière conséquence du dégel des offres d’emploi à l’échelle nationale: le volume de contrats temporaires a pris l’ascenseur. «A présent, 37% des entreprises en Suisse font appel à des intérimaires expérimentés et de calibre universitaire pour des annonces normalement destinées à des employés fixes», témoigne Charles Franier. Cette préférence affiche une augmentation de 15% depuis janvier dernier.
Ce mardi, le Moniteur Employeurs Banques a fait état d’une moyenne de 2485 postes vacants dans les établissements du pays au troisième trimestre 2016, dont 934 pour la principale place financière, Zurich. Proportionnellement au nombre de personnes employées dans le secteur bancaire, la Suisse centrale a enregistré le taux de places de travail disponibles le plus élevé à raison de 4,6% en moyenne. A l’échelle du pays, le taux de chômage bancaire (2%) demeure inférieur à la moyenne nationale de 3,2%.