Une start-up a élaboré un test ADN de personnalité
Génétique
La start-up valaisanne Karmagenes vise les sites de rencontres et les départements de ressources humaines. Basée au BioArk de Monthey, elle espère vendre 500 000 tests en 2018

Une start-up a élaboré un test ADN de personnalité
Génétique Karmagenes vise les sites de rencontres et les départements de ressources humaines
Basée au BioArk de Monthey, la société valaisanne espère vendre 500 000 tests en 2018
Etes-vous plutôt calme ou nerveux? Introverti ou extraverti? Spontané ou réfléchi? «Les facteurs génétiques façonnent une part importante de notre personnalité», estiment les généticiens de Karmagenes, une start-up valaisanne. Ils ont développé un test permettant, à partir d’un échantillon de salive, de définir différents traits de caractère d’une personne. «Depuis plus de 50 ans, les scientifiques cherchent à corréler l’ADN à la personnalité», explique Omaya Dudin, un généticien franco-palestinien, issu de la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne.
Accompagné de six autres généticiens, psychologue et informaticien, Omaya Dudin a cofondé la start-up Karmagenes en février 2015. Celle-ci vient de s’établir au parc technologique BioArk de Monthey. La jeune entreprise a démarré la commercialisation de ses kits sur Internet, au prix de 149 francs. Ils permettent de récolter un échantillon d’ADN, à partir d’un peu de salive. Celui-ci est alors séquencé, en sous-traitance dans un laboratoire suisse. Des dizaines de séquences génétiques sont analysées. Puis, les algorithmes de Karmagenes entrent en jeu. En fonction des données obtenues, la start-up envoie un rapport avec des résultats chiffrés sur quatorze traits de caractère, à l’exemple du niveau de sociabilité, de la capacité à innover, à prendre des décisions ou à être bon vivant, de la spontanéité, l’optimisme, l’émotivité, la tolérance au stress ou la confiance en soi.
En revanche, la société s’engage à ne donner aucune indication sur la probabilité de développer ultérieurement une maladie, qu’il s’agisse de cancers, de pathologies cardiovasculaires ou encore de maladies auto-immunes. Omaya Dudin aime faire référence à la peinture pour définir son travail. «Le coup de pinceau, c’est l’environnement d’une personne, son éducation, sa famille ou des événements décisifs qui influent sur le développement de la personnalité. Nos algorithmes permettent de connaître les couleurs du tableau. En obtenant cette information, on peut en changer certaines nuances.» Lui-même été surpris d’apprendre qu’il n’était pas calme – contrairement à ce que montraient les tests psychologiques – aimait prendre des risques mais que son ADN ne montrait pas des signes de sociabilité. «Ce test m’a permis de découvrir certaines couleurs dont j’ignorais l’existence. J’ai l’impression d’avoir plus confiance en moi», se confie-t-il.
Karmagenes a testé son kit auprès de 55 personnes. Désormais, la start-up vise essentiellement les particuliers, via son site internet. Elle s’adresse aussi aux départements de ressources humaines. Omaya Dudin ne craint-il pas une dérive de son service qui pourrait être utilisé lors de recrutement? (lire ci-dessous) «Notre service devrait plutôt permettre d’augmenter l’efficacité d’une équipe», estime Omaya Dudin, dont les algorithmes n’auront pas à obtenir d’autorisation particulière pour être commercialisés. En Suisse, la vente des tests génétiques de type «Lifestyle» n’est pas réglementée, pour autant qu’ils ne fournissent pas de données médicales. «Les données sont détruites dès que les résultats ont été fournis et la protection des données est garantie», précise Omaya Dudin.
La start-up s’intéresse particulièrement aux sites de rencontres en Asie et en Inde. «Les utilisateurs d’un site indien, comptant 14 millions d’inscrits, font régulièrement appel à des tests psychologiques ou astrologiques pour trouver l’âme sœur. Un test génétique devrait certainement les intéresser», estime Omaya Dudin. Karmagenes, qui a déjà convaincu un investisseur externe, est actuellement en contact avec des sociétés de capital-risque en Suisse, en Inde et au Japon, pour lever entre 2 et 10 millions de francs. «Nous voulons rester en Suisse, notamment pour la confidentialité des données, la sécurité et le label Swiss made», souligne Omaya Dudin.
La start-up espère vendre 10 000 kits l’année prochaine et 500 000 en 2018. «Nous pensons engager prochainement entre 7 à 20 personnes», prévoit le directeur scientifique. La jeune entreprise prévoit aussi de développer d’autres tests génétiques, permettant notamment de personnaliser son régime alimentaire en fonction de son profil génétique.
«J’ai été surpris d’apprendre que j’aimais prendredes risques mais queje n’étais pas sociable»