Epidémie: les prêts-relais, comment ça marche?
Économie suisse
Une semaine après l’annonce de sa mise en place, le système de prêts-relais est prêt à être lancé. Ce jeudi démarre donc une mécanique bancaire coordonnée et complexe à la fois. Explications

Combien?
Ces prêts s’adressent aux entreprises suisses n’ayant pas dépassé 500 millions de francs de chiffre d’affaires annuel. Chaque entreprise peut obtenir jusqu’à l’équivalent de 10% de son chiffre d’affaires, avec un plafond fixé à 20 millions.
Ces prêts sont divisés en deux catégories. Ceux inférieurs à 500 000 francs sont cautionnés à 100% par la Confédération et facturés à taux zéro. Puis, il y a ceux qui dépassent cette somme, qui sont cautionnés à 85%, avec un taux d’intérêt fixé à 0,5%. Une enveloppe globale de 20 milliards à disposition.
C’est quoi, un cautionnement?
Le cautionnement, c’est la garantie que les prêts que les banques accordent seront remboursés. Soit par l’emprunteur, soit par le garant, dans le cas d’espèce, la Confédération. Autant dire que ces prêts, pour les banques, ne comportent aucun risque de défaut pour la première catégorie. Et un risque un peu plus élevé pour la seconde, avec cette part de 15% non cautionnée par l’Etat.
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Comment demander un prêt?
A partir de jeudi, les demandes doivent être adressées sur la plateforme covid19.easygov.swiss. Des critères minimaux sont requis. En particulier, une déclaration selon laquelle l’entreprise subit des pertes de revenus en raison de la pandémie. Les PME doivent par ailleurs s’adresser à leur banque principale, afin que l’examen de leur situation financière soit la plus aisée et la plus rapide possible.
Qui va le demander?
Difficile à dire pour l’instant. Mais au vu de la brutalité du choc, il est probable que les demandes affluent. Contactée par Le Temps, UBS s’attend à ce que plusieurs dizaines de milliers de requêtes lui parviennent au cours des prochains jours.
Et ensuite?
Pour les prêts de la première catégorie, il faudra attendre entre quelques heures et une journée pour recevoir l’argent, prévoit UBS. Pour ceux de la seconde catégorie, un délai de quelques jours sera nécessaire car une analyse de crédit, certes simplifiée, est requise. La durée de ces prêts est de cinq ans et peut être prolongée une seule fois de deux ans. Les amortissements ne sont exigés qu’à partir du 31 mars 2021. Et ils devront donc se terminer au plus tard à fin 2024, ou à fin 2026, si le prêt a été prolongé.
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Pour les banques, c’est le grand chambardement organisationnel. Chez UBS, depuis plusieurs jours, «des équipes travaillent d’arrache-pied pour être prêtes dès jeudi 8 heures, indique Alexandre Prêtre, responsable de la clientèle entreprise chez UBS Genève. Des ressources supplémentaires de plusieurs centaines de personnes ont été mobilisées dans toute la chaîne de production.»
Les autorités?
Pour accompagner les banques, la Banque nationale suisse (BNS) a annoncé plusieurs mesures ce mercredi. D’abord, elle met à disposition des facilités de refinancement pour que les banques puissent trouver de l’argent frais si elles en ont besoin, afin de pouvoir effectuer ces prêts.
Ensuite, la BNS a demandé à la Confédération de pouvoir abaisser le volant anticyclique, un outil qui a été activé en 2014, afin d’apaiser la surchauffe immobilière. Pour faire simple, il s’agit d’exiger des banques qu’elles immobilisent plus ou moins de capital, lorsqu’elles accordent un nouveau prêt. En l’occurrence, la BNS propose désormais que les banques puissent immobiliser moins de capital. Le gendarme financier, la Finma, se montrera aussi moins strict.
La dette, c’est grave?
C’est très suisse: à part pour acheter un logement, on n’aime pas s’endetter. Et du côté des PME, ce réflexe semble tout aussi valable. Selon une étude de l’institut des services financiers de Zoug datant de 2017, six PME sur dix n’ont d’ailleurs pas recours au crédit. Et d’après les chiffres 2019 de la BNS, les entreprises comptant jusqu’à 250 employés sont endettées, hors hypothèques, à hauteur de 70 milliards de francs. L’on constate aussi qu’en dix ans les PME de moins de 10 employés ont réduit leur dette de presque 50%. Une tendance qui, au vu des innombrables sollicitations dont les banques témoignent déjà, devrait bientôt s’inverser.