«Epuisé par la guerre juridique contre Nespresso», Ethical Coffee Company est en faillite
La société fribourgeoise qui voulait concurrencer Nestlé sur le marché des capsules de café a été mise en faillite par le Tribunal de la Sarine

La société fribourgeoise Ethical Coffee Company (ECC), spécialisée dans les dosettes de café, a été mise en faillite par le Tribunal de la Sarine. L'entreprise en surendettement, qui s'est fait connaître par son long combat contre Nespresso, a déposé un recours contre cette décision auprès du Tribunal cantonal.
«Epuisé par la guerre juridique contre Nespresso, ECC a volontairement annoncé son insolvabilité cet été, sur la base d'un plan d'ajournement qui n'a pas été accepté par le Tribunal», a déclaré mardi à AWP le directeur du fabricant de dosettes biodégradables Philippe Nicolet, confirmant une information du quotidien La Liberté.
Relire notre enquête (juillet 2017): Ethical Coffee se retire du marché des capsules Nespresso
ECC a fait recours et fait valoir «des perspectives tangibles» qui lui permettraient de «sortir de ce mauvais pas», précise son directeur. Une décision sur le fond est attendue d'ici la fin de l'année. Le plan d'ajournement proposé doit «représenter la meilleure solution possible, dans l'intérêt des créanciers et de l'utilisation des biomatériaux dans le domaine des capsules de café».
Basée à Fribourg et ayant des bureaux à Lausanne, ECC emploie aujourd'hui moins de dix employés. Elle a cessé toute production il y a un mois, a précisé son directeur. A son apogée, la société a occupé jusqu'à une cinquantaine de personnes sur son site de production à Ville-la-Grand, en Haute-Savoie, pour un chiffre d'affaires «entre 10 et 20 millions de francs».
«Stratégie d'épuisement menée par Nespresso»
Fondée en 2008 à Fribourg par Jean-Paul Gaillard, Ethical Coffee Company s'était lancée dans une «guerre» contre le système Nespresso avec ses dosettes compatibles avec les machines du géant vaudois Nestlé. Philippe Nicolet estime que les déboires de sa société «sont la conséquence de la stratégie d'épuisement menée par Nespresso depuis 2010». ECC a abandonné ses dosettes «Nespresso-compatibles» en 2017.
Dans une interview publiée en mars dans la HandelsZeitung, Jean-Paul Gaillard avait relevé que la «guerre» contre Nestlé se faisait à armes très inégales: «On ne peut gagner de l'argent qu'avec des très grands volumes. Les marges sont faibles en raison de la guerre des prix».
Nespresso de son côté relève dans La Liberté qu'ECC a perdu «la majorité des procédures légales engagées ces huit dernières années, bien qu'un petit nombre de cas soient encore en cours». La multinationale déclare avoir engagé des actions de recouvrement de créances contre ECC.
La société fribourgeoise ne commente pas ces déclarations. Mais Philippe Nicolet estime qu'il est «dramatique que Nestlé ait tué dans l'oeuf un produit entièrement biodégradable» comme l'étaient les capsules de sa société.