L’urgence est de mise. Le monde comptera son trois millionième décès lié au Covid-19 tout prochainement. Le nombre de personnes infectées dépasse lui les 160 millions. Par ailleurs, certains pays comme l’Inde et le Brésil connaissent une recrudescence de cas. Puis, la multiplication de variants rend la lutte contre la pandémie encore plus difficile.
Guerre d’influence et diplomatie de vaccins
«La protection contre le Covid-19 ne doit pas dépendre du revenu des uns et des autres», a plaidé jeudi le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken. Pour l’occasion, il n’a pas évoqué la guerre d’influence ou de la diplomatie de vaccins que mènent des pays en donnant des doses aux pauvres. En confirmant leur contribution au Covax, les Etats-Unis marquent leur retour en force au sein de l’OMS. La précédente administration Trump s’en était retirée l’an dernier. Il y a une semaine, le président américain Joe Biden a déclaré qu’après avoir réussi la campagne de vaccination sur le plan national, son administration était désormais prête pour lutter contre la pandémie sur le plan global.
Les 2 milliards de dollars américains ramènent le financement du Covax à hauteur de 6,3 milliards. Les Etats-Unis deviennent ainsi le premier contributeur devant l’Allemagne (1,09 milliard) et le Royaume-Uni (674 millions). La Suisse y participe aussi, à hauteur de 20 millions.
L’«inégalité vaccinale»
Si le secrétaire d’Etat américain a parlé de solidarité et de générosité, le directeur de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a lui dénoncé l’«inégalité vaccinale» observée à ce jour. Selon lui, un quart de la population dans les pays riches est vaccinée alors que dans les pays les plus pauvres, c’est une personne sur 500 qui a reçu une première dose. «Certains n’en ont même pas vu la couleur alors que d’autres attendent de recevoir la deuxième dose», a-t-il déploré. C’est en Afrique que le taux de vaccination est le plus faible, soit 2%, loin de l’objectif de vacciner 20% de la population en 2021.
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C’est José Manuel Barroso, l’ancien président de la Commission européenne et qui préside à présent le conseil d’administration de Gavi, qui a donné le ton. En substance, il a dénoncé le «nationalisme vaccinal» et les restrictions d’exportation de pays riches alors même qu’ils avaient réservé un nombre suffisant de vaccins pour leurs populations. «J’invite les pays ayant des excédents à les partager avec ceux qui sont moins bien lotis», a-t-il interpellé. «Dans ces circonstances où personne n’est à l’abri du virus aussi longtemps que tout le monde ne l’est pas, j’appelle les pays riches à faire preuve de volonté politique et financière envers le Covax.»