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Les Etats-Unis évoquent un nouveau FMI

Washington fait les yeux doux à Pékin et l’appelle à renflouer les caisses vides. Les demandes d’aide auprès de cette institution financière devraient se multiplier

Un important pas vient d’être franchi pour renflouer les caisses du Fonds monétaire international (FMI). Les Etats-Unis viennent de se rallier aux pays européens dans l’appel pour mobiliser quelque 500 milliards de dollars qui serviront à aider les Etats en difficulté. L’institution vient de prêter près de 100 milliards, notamment à la Hongrie, à la Lettonie, à l’Ukraine, à la Biélorussie, à l’Islande et au Pakistan.

Mais, à la lumière de la gravité de la crise qui frappe désormais l’ensemble de la planète, tout laisse croire que de nombreux pays viendront incessamment frapper à ses portes. La Roumanie, la Turquie et la Bulgarie ont ouvert les négociations. Cependant, à présent, le FMI ne dispose que de 140 milliards de dollars, qu’il pourrait débourser sur les douze prochains mois.

Les Etats-Unis sont enfin entrés de plain-pied dans les débats qui mèneront au sommet du G20 le 2 avril à Londres, en passant par la réunion préparatoire des ministres des Finances et des patrons de banque centrale ce week-end. Le FMI est au centre des préoccupations sur plusieurs points, notamment sur son financement et sur son rôle de surveillant du système financier international.

Veto

Ces derniers mois, le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, et le premier ministre britannique, Gordon Brown, ont lancé plu­sieurs appels pour renflouer les caisses du fonds, notamment en direction de pays du Golfe et de la Chine qui disposent d’importantes réserves financières. A ce jour, seul le Japon a annoncé un prêt de 100 milliards de dollars.

Mercredi, le secrétaire d’Etat au Trésor, Timothy Geithner, a relancé l’appel, tout en ajoutant qu’il était temps de revoir les droits de vote à l’intérieur de l’institution. Selon les dispositions actuelles, mais décidées au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les pays industrialisés disposent d’une majorité écrasante. Les Etats-Unis, avec 17% du capital, détiennent même un droit de veto. Par ailleurs, selon un arrangement transatlantique, il revient à un ressortissant européen de diriger le FMI et à un Américain la Banque mondiale.

La Chine visée

«Washington est en faveur d’une accélération de la réforme des droits de vote», a déclaré Timothy Geithner. Il a proposé l’échéance à janvier 2011. Il a souhaité que le G20 règle la question du financement le 2 avril à Londres et que la Chine et l’Arabie saoudite jouent le jeu à Londres.

Le sommet décidera également du rôle qu’un FMI reformé pourrait jouer dans la surveillance du système monétaire international. La cause n’est de loin pas entendue par les Etats du G20. Les Etats-Unis, mais aussi l’Union européenne, demandent depuis plusieurs années que le FMI soit le garant des équilibres financiers mondiaux et sanctionne des pays qui, par leur politique de taux de change, menacent la stabilité financière d’autres pays. Clairement visée par la démarche, la Chine s’y oppose avec force. La nouvelle administration américaine se montre toutefois plus laxiste sur cette question. Pour obtenir l’adhésion de Pékin?